Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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Graphologie et sincérité

Extrait du livre Mensonge et simulation aspects psychiatriques et criminologiques de la sincérité de Louis-Paul Roure, expert psychiatre près la cour d'appel d'Aix-en-Provence.

Louis-Paul Roure est l'expert ayant procédé notamment à l'expertise psychiatrique de Omar Raddad. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages traitant des aspects sémiologiques et légaux de l'état dangereux et des aspects psychiatriques et criminologiques de la sincérité édités dans la collection médecine et psychothérapie par les éditions Masson.
La notion de sincérité, de mensonge et de simulation prennent une acuité particulière dans les domaines de la justice et de la médecine car le médecin, tout comme le magistrat, est à la recherche de la vérité. Dans les affaires criminelles, l'expert doit cerner tous les éléments de la personnalité des accusés, et des causes éventuelles de non-responsabilité ou d'atténuation de la responsabilité pénale. Le docteur Roure nous propose un exemple détaillé de vérification expertale : l'expertise en écriture effectuée pour déterminer l'origine et l'authenticité d'inscriptions manuscrites accusatrices.

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Le chapitre "Graphologie et sincérité" s'inscrit parfaitement dans l'un des éléments de preuve le plus important du dossier qui nous intéresse.
L'auteur relate que :

« La graphologie c'est la connaissance (logos) de l'écriture (graphos) autrement dit c'est l'art de décrypter l'écriture. Le décryptage est une chose qui est difficile et demande de solides connaissances ainsi qu'une grande expérience. Il faut distinguer la graphologie prédictive de la graphologie comparative. Il ne sera question dans ce chapitre que de la graphologie comparative. L'autre pratique de la graphologie ne concerne pas notre sujet puisqu'elle ne fait pas appel à l'objectivité mais essentiellement à la subjectivité, et à la divination, s'apparentant au domaine de la voyance, des horoscopes, diseurs de bonne aventure... Il faut qu'il soit bien clair qu'il ne s'agit pas pour nous de voir comment lire la personnalité du sujet à travers son graphisme, ou d'extrapoler toutes sortes d'éléments tenant plus de la fable que de la réalité logique.
Il s'agit de nous intéresser à une pratique courante qui n'a rien de mystérieux et qui permet de débusquer le vrai du faux, l'authentique de l'inauthentique : c'est la pratique comparative. Son rôle est essentiellement d'affirmer que telle signature est authentique et que tel document est bien écrit par son auteur présumé. Par ailleurs le graphologue doit pouvoir discerner si la main a été accompagnée ou non. On devine l'importance de telles expertises dans certaines affaires concernant les héritages, par exemple. Il ne s'agit pas de deviner si c'est bien l'écriture en question, mais de comparer l'écriture portée sur le document à étudier avec un échantillon de signature ou d'écriture authentiques.
La graphologie est souvent au centre des débats dans le domaine de la sincérité, car le problème est souvent posé de savoir le caractère d'authenticité d'un document important figurant dans une procédure donnée. L'écriture est un geste qui s'est progressivement automatisé par l'apprentissage, utilisant des fonctions praxognosiques hautement différenciées et destinées à traduire le langage en signes visibles. Il est certain qu'à ce titre-là, elle porte forcément l'empreinte de la personnalité du sujet et qu'il a, de ce fait, toujours été tentant de déterminer le caractère du sujet à partir de son écriture.
S'il est un domaine où le mot sincérité a une acceptation sémantiquement significative, c'est bien celui de l'expertise en écriture. Ici, au sens légal. La vérification d'un document est une question complexe à plusieurs niveaux d'études, de vérifications et de comparaisons. Ici, il nous faut procéder à un point d'explication sur la terminologie expert graphologique par rapport à expert en écriture ;
a/ l'expert graphologue n'étudie et ne compare que des écritures manuscrites ;
b/ l'expert en écriture étudie et compare tous types d'écrits. »

Dans le chapitre de mon ouvrage relatif à la demande en révision je m'étais exprimé sur ce sujet avant que la Cour de révision ne se prononce et j'avais écrit ceci :

... « Ces magistrats pourraient-ils admettre que l’écriture n’était pas de Ghislaine Marchal ?
En examinant les attestations collationnées par Moreau ? Pour la petite histoire, de nombreux graphologues, Français, Italien et Espagnol ont, à la lecture du rapport d’un de leur confrère, Jean-Paul Gauthier – plus connu comme graphologue que reconnu par les magistrats lyonnais pour ses qualités d’expert en écriture –, employé exactement les mêmes termes pour dire que ce n’est pas Mme Marchal qui a écrit les deux messages et que les lettres sur la porte de la chaufferie n’ont pas été écrites dans le noir. C’est tout simplement du "copier/coller" informa¬tique de mauvaise facture. C’est d’autre part une facétie de mauvais goût, car dans sa plaidoirie l’avocat avait dénoncé la fiabilité de la graphologie et voué aux gémonies les graphologues qu’il fallait, je le cite : « Chasser de nos tribunaux pour ne plus subir leur fantaisie. » Mais alors pourquoi accorde-t-il foi aux attestations de graphologues qu’il a sollicités ?
Mais peut-on laisser dire et écrire n’importe quoi par Jean-Paul Gauthier !
Ce singulier personnage, dans son opuscule « Expertise en écritures - Quel poids dans la balance ? » prône auprès des experts indépendance, impartialité, scrupule et prudence – ce qui est légitime – mais s’empresse aussitôt de reprendre à son compte les assertions malveillantes de son mandant relatives au procès auquel lui-même n’a pas participé, prétend avoir effectué une expertise en écriture et graphologique sur une inscription manuscrite dont il n’a pas examiné l’original, écarte délibérément l’examen de la deuxième inscription (et ce qu’elle peut établir ou impliquer) et prétend tirer la preuve d’une impossibilité pour la victime blessée d’écrire avec ses doigts ensanglantés du fait que cela aurait eu lieu en haut d’une porte en position verticale (propos relatés dans l’article de Dominique Landron dans Corse-Matin) alors que chacun de ceux qui ont examiné cette porte sait que l’inscription ne figure pas à cet emplacement mais à un endroit tel que deux experts judiciaires ont estimé que le scripteur était agenouillé.
Et c’est cet homme qui à la page quatre-vingt-quinze de son opuscule ose taxer de malhonnêteté intellectuelle tout à la fois gendarmes, experts et magistrats ! Il n’est qu’un triste exemple de plus des excès de jugement que peuvent porter des gens prétendument expérimentés ! Il s’inscrit lui aussi dans l’épais chapitre de la manipulation.
Me Vergès est certainement un homme très astucieux et il sait que la graphologie n’est pas une science mais un art qui consiste à révéler, à analyser la personnalité d’un individu à partir de son écriture. Et ce n’est pas ce que le juge Renard avait demandé à Gilles Giessner et Florence Buisson-Debar. Le magistrat instructeur avait commis ces deux personnes pour une expertise en écriture. Et l’expertise en écriture est une discipline qui consiste à établir des similitudes ou des différences entre plusieurs manuscrits ; dans le cas d’espèce entre les écrits de Mme Marchal et les lettres manuscrites sur les portes. Le terme de graphologie est donc, dans cette affaire, impropre pour aborder le travail réalisé par les experts désignés par le magistrat. Et Me Vergès sait tout cela.
Les avis émis par les experts de la défense n’ont aucune valeur probante. Ceux-ci n’ont pas travaillé sur les originaux mais sur des reproductions, comme l’un d’entre eux l’écrit : « Sur une photocopie d’une photocopie », et n’ont pas eu la possibilité de se déplacer sur les lieux pour se mettre en situation. D’autre part, il est flagrant de constater qu’une graphologue, Danielle Dumont, soutient dans son rapport une antithèse incohérente et incompatible avec les constatations. Est-ce par méconnaissance du dossier, je l’espère pour la crédibilité de sa profession ou pour faire coller son point de vue avec la thèse de la mise en scène chère à l’auxiliaire de justice ?
A vouloir trop prouver sans connaître les pièces essentielles du dossier, elle a rendu une conclusion n’ayant qu’un lointain rapport avec la procédure. Et c’est sur les bases et la conclusion de cet avis que les autres experts se prononcent en employant les mêmes mots pour le dire. Aucun n’a argumenté, aucun n’a démontré. Cela tient plus de la pétition que de l’expertise... »

Et les hauts magistrats de la Cour de révision dans son arrêt du 20 novembre 2002 tenaient le même raisonnement que le mien et rejetaient ce prétendu fait nouveaux.

Le docteur Roure retranscrit trois expertises du dossier Raddad et clôt ainsi son exposé :

« On pourrait conclure ce chapitre en remarquant que c'est probablement le mystère créé et entretenu par la recherche du sens d'un message écrit avec du sang, ce message étant l'ultime adressé par un être humain à ses semblables, qui a pu exercer une telle fascination sur les mass média. Je n'en veux pour preuve que le silence quasi religieux qui a suivi la découverte des deux scellés, c'est-à-dire des deux portes offertes à la vue du public. »

Georges Cenci

Administrateur : Georges Cenci

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Fabien Fabien ·  18 avril 2014, 20:13

Bonjour Monsieur Cenci,

Disposez-vous de ces deux fameux rapports Gauthier et Dumont ? En effet, cela me permettrait de me faire une idée par moi même car l'écriture me semble être le point principal du dossier pour conclure certainement pour la culpabilité ou l'innocence.

Concernant les expertises présentes sur votre site. Le rapport Giesner me semble assez léger tandis que le rapport Buisson-debar me semble convaincant.

Sinon je viens de m'infliger le documentaire de Karl Zéro sur cette affaire qui est d'une partialité affligeante. Le "faites entrer l'accusée" me semble lui par contre assez équilibré et complet. Qu'en avez vous pensé ?

Merci pour tout à nouveau.

Cordialement

Fabien

Georges Cenci Georges Cenci ·  22 avril 2014, 05:17

Vous n'avez pas dû terminer la lecture de mon ouvrage. Vous auriez constaté que j'ai écrit ce que je pensais du rapport Gauthier avant que la commission de révision ne s'exprime (pages 317 et suivantes de Omar l'a tuée) :

« Ces magistrats pourraient-ils admettre que l’écriture n’était pas de Ghislaine Marchal ? En examinant les attestations collationnées par Moreau ? Pour la petite histoire, de nombreux graphologues, Français, Italien et Espagnol ont, à la lecture du rapport d’un de leur confrère, Jean-Paul Gauthier – plus connu comme graphologue que reconnu par les magistrats lyonnais pour ses qualités d’expert en écriture –, employé exactement les mêmes termes pour dire que ce n’est pas Mme Marchal qui a écrit les deux messages et que les lettres sur la porte de la chaufferie n’ont pas été écrites dans le noir. C’est tout simplement du "copier - coller" informatique de mauvaise facture. C’est d’autre part une facétie de mauvais goût, car dans sa plaidoirie l’avocat avait dénoncé la fiabilité de la graphologie et voué aux gémonies les graphologues qu’il fallait, je le cite : « Chasser de nos tribunaux pour ne plus subir leur fantaisie. » Mais alors pourquoi accorde-t-il foi aux attestations de graphologues qu’il a sollicités ?

Mais peut-on laisser dire et écrire n’importe quoi par Jean-Paul Gauthier !

Ce singulier personnage, dans son opuscule « Expertise en écritures - Quel poids dans la balance ? » prône auprès des experts indépendance, impartialité, scrupule et prudence – ce qui est légitime – mais s’empresse aussitôt de reprendre à son compte les assertions malveillantes de son mandant relatives au procès auquel lui-même n’a pas participé, prétend avoir effectué une expertise en écriture et graphologique sur une inscription manuscrite dont il n’a pas examiné l’original, écarte délibérément l’examen de la deuxième inscription (et ce qu’elle peut établir ou impliquer) et prétend tirer la preuve d’une impossibilité pour la victime blessée d’écrire avec ses doigts ensanglantés du fait que cela aurait eu lieu en haut d’une porte en position verticale (propos relatés dans l’article de Dominique Landron dans Corse-Matin) alors que chacun de ceux qui ont examiné cette porte sait que l’inscription ne figure pas à cet emplacement mais à un endroit tel que deux experts judiciaires ont estimé que le scripteur était agenouillé.

Et c’est cet homme qui à la page quatre-vingt-quinze de son opuscule ose taxer de malhonnêteté intellectuelle tout à la fois gendarmes, experts et magistrats ! Il n’est qu’un triste exemple de plus des excès de jugement que peuvent porter des gens prétendument expérimentés ! Il s’inscrit lui aussi dans l’épais chapitre de la manipulation.

Me Vergès est certainement un homme très astucieux et il sait que la graphologie n’est pas une science mais un art qui consiste à révéler, à analyser la personnalité d’un individu à partir de son écriture. Et ce n’est pas ce que le juge Renard avait demandé à Gilles Giessner et Florence Buisson-Debar. Le magistrat instructeur avait commis ces deux personnes pour une expertise en écriture. Et l’expertise en écriture est une discipline qui consiste à établir des similitudes ou des différences entre plusieurs manuscrits ; dans le cas d’espèce entre les écrits de Mme Marchal et les lettres manuscrites sur les portes. Le terme de graphologie est donc, dans cette affaire, impropre pour aborder le travail réalisé par les experts désignés par le magistrat. Et Me Vergès sait tout cela.

Les avis émis par les experts de la défense n’ont aucune valeur probante. Ceux-ci n’ont pas travaillé sur les originaux mais sur des reproductions, comme l’un d’entre eux l’écrit : « Sur une photocopie d’une photocopie », et n’ont pas eu la possibilité de se déplacer sur les lieux pour se mettre en situation. D’autre part, il est flagrant de constater qu’une graphologue, Danielle Dumont, soutient dans son rapport une antithèse incohérente et incompatible avec les constatations. Est-ce par méconnaissance du dossier, je l’espère pour la crédibilité de sa profession ou pour faire coller son point de vue avec la thèse de la mise en scène chère à l’auxiliaire de justice ?

A vouloir trop prouver sans connaître les pièces essentielles du dossier, elle a rendu une conclusion n’ayant qu’un lointain rapport avec la procédure. Et c’est sur les bases et la conclusion de cet avis que les autres "experts" se prononcent en employant les mêmes mots pour le dire. Aucun n’a argumenté, aucun n’a démontré. Cela tient plus de la pétition que de l’expertise.

Ces contre-expertises excluent, toutes, que Ghislaine Marchal puisse être l’auteur des deux messages accusateurs et les points de vue produits à l’appui de la requête sont incontestablement nouveaux observent les avocats de la partie civile. En effet, et l’opinion de Mme Dumont est fort originale puisqu’elle déduit que le message pratiquement illisible, tracé sur la porte de la chaufferie, aurait été écrit le premier, dans une pièce éclairée, par un scripteur utilisant la main gauche, inerte, de Ghislaine Marchal pour ensuite s’en inspirer pour écrire OMAR M’A TUER sur la porte de la cave à vins ; alors que de cet emplacement, on ne peut voir la porte de la chaufferie. Cette opinion est d’autre part inconciliable avec les constatations auxquelles nous avions procédées dans le sous-sol et les conclusions médico-légales. Elle démontre l’ignorance par son auteur des éléments objectifs qui ont dû emporter la conviction de la cour et du jury que c’est Ghislaine Marchal qui a écrit les deux messages accusateurs et que seule la personne demeurée dans la cave a pu installer le dispositif qui bloquait la porte. Et Ghislaine Marchal était cette personne. Tout cela a été démontré et débattu au procès.

La lecture des appréciations de Mme Dumont est sans équivoque quant à son ignorance des détails qui annihilent sa thèse, notamment le rai de lumière filtrant de la porte de la cave qui permet de discerner la surface de celle de la chaufferie ; les traces d’appui de mains ensanglantées sur le sol et la progression des traces de sang en direction de la porte de la chaufferie ; l’absence de signe de mouvement, de la chaufferie vers la porte de la cave à vins ; les traces de sang sur le sol et les parois de la chaufferie qui démontrent qu’après avoir réitéré son accusation, la victime s’est traînée sur le sol de cette pièce où elle a été trouvée, morte.

Comme le précise la partie civile : « Elle oublie encore qu’un corps est un encrier encombrant et qu’en utilisant le corps ou le sang de Ghislaine Marchal pour inscrire les deux inscriptions, son meurtrier se serait nécessairement trouvé lui-même couvert de sang et en aurait inévitablement laissé la trace dans la cave comme lors de sa fuite... ».


Pensez-vous que la commission m'ait donné tort en ayant écrit ce qui précède ? 

Je vous renvoie aussi aux observations que l'avocat général, Laurent Davenas, a prononcé devant la Cour de révision des condamnations pénales. Qu'a-t-il :  

«... Les conclusions de l’expert et du contre expert désignés par le magistrat instructeur imputent à Madame Marchal le tracé des deux messages accusateurs fixés sur la porte de la cave et de la chaufferie. Pour insinuer que Madame Marchal n’est pas l’auteur des deux épitaphes, la requête se fonde sur deux expertises commandées et un melting-pot de neuf attestations les validant. Les deux experts privés se satisfaisant contrairement aux experts officiels d’un seul support photographique, soutiennent bien évidemment que la victime n’est pas l’auteur des inscriptions sanglantes. Vous noterez que Jean-Paul Gauthier, cet autre redoutable technicien de la preuve incontestable, conclue même sa commande par deux pages numérotées 15, signées et datées du 19 juin 1998. L’une affirme avec certitude que Madame Marchal n’est pas l’auteur des inscriptions, l’autre, plus réservée, se contente de relever qu’aucune concordance probante n’a été remarquée entre l’inscription "Omar m’a tuer" et les écrits de Madame Marchal. C’est aussi l’opinion de deux autres commensaux Monsieur Dornier et Monsieur Charvet. »

La Cour de révision des condamnations s'est prononcée clairement dans son arrêt de rejet sur le rapport de cet « expert » : 

« IV – Sur les avis techniques relatifs aux inscriptions accusatrices :

- Attendu que, pour soutenir la thèse selon laquelle Ghislaine Marchal ne serait pas l’auteur des inscriptions l’accusant, le requérant fait produire deux avis techniques établis à sa demande par M. Gauthier et Mme Dumont, experts en écritures, qui n’ont ni l’un ni l’autre examiné les portes servant de support aux écritures mais ont travaillé sur photographies ; que M. Gauthier, qui a limité son observation à la seule inscription "OMAR M’A TUER" figurant sur la porte de la cave à vins, formule deux conclusions, l’une, catégorique, affirmant que Ghislaine Marchal n’est pas l’auteur des inscriptions, l’autre, plus nuancée, ne relevant aucune concordance probante entre l’inscription en question et les écrits de la victime ; que Mme Dumont, qui a examiné les photographies des deux portes conclut que les inscriptions litigieuses n’ont pas été écrites par Ghislaine Marchal, que l’inscription "OMAR M’A T" n’a pu être apposée dans le noir et qu’on peut penser que la main gauche inerte  de Ghislaine Marchal a servi d’instrument scripteur ;

- ...  

- Attendu qu’ainsi, l’élément nouveau invoqué n’est pas de nature à faire naître un doute sur la culpabilité du condamné. »

 

En clair la cour de révision a rejeté les expertises privées commandées par Vergés. Les conclusions des Gauthier, Dumont et consorts ne valaient pas tripette ! Bien évidement je possède cette expertise mais a-t-elle une utilité ? Je pense que ce qui précède est à même de vous déterminer sur l'identité du scripteur des messages accusateurs.  

Cordialement

annaparis annaparis ·  30 décembre 2015, 09:54

Bonjour,

Pour avoir été victime directe des "experts" graphologues (les mêmes qui ont d'ailleurs également sévi lors de l'affaire Grégory...), je rejette toute expertise de leur part. Comme souvent, les "experts" font dire tout et le contraire à une même pièce. Une fois que l'on a dit que les circonstances (instrument d'écriture, support, blessures, situation hautement stressante...) peuvent tellement influer sur l'écriture qu'il est difficile de comparer (avec des lettres de mots fléchés !!!), l'analyse tombe d'elle-même. Je ne dis pas que cela favorise l'une ou l'autre thèse, je dis simplement que cela ne DOIT pas avoir sa place pour prendre une telle décision : coupable ou non coupable.

J'ai vu récemment une émission sur un crime (malheureusement, je n'ai pas retenu sur le moment le nom de l'affaire) où le nom de l'assassin avait également été laissé par la victime... mise en scène du vrai assassin ! avez vous d'autres exemples de dénonciation aussi dramatique ?

Signé : une indécise

Georges Cenci Georges Cenci ·  04 janvier 2016, 09:51

@annaparis : Bonjour.
Les experts en écriture ont démontré que les lettres de sang étaient de la main de Mme Marchal. Je dis bien les experts en écriture et non les graphologues.
Vous le savez aussi bien que moi qu'il ne faut pas confondre : l'expertise en écriture est une discipline, une science qui consiste à établir des similitudes ou des différences entre plusieurs manuscrits ; dans le cas d’espèce entre les écrits de Mme Marchal et les lettres manuscrites sur les portes tandis que la graphologie n’est qu'une technique qui consiste à interpréter l'écriture pour analyser la personnalité d’un individu.
Ce n'est pas du tout pareil !

Vous me faites penser à feu Me Vergès qui, lors du procès, avait péremptoirement déclaré que les expertises graphologiques révélaient parfois des erreurs ou des conclusions contradictoires. Cet argument était contredit par les deux expertises en écriture, qui, elles, ne doivent rien à la graphologie.
Comme je l'ai écrit, la thèse de cet avocat était une facétie de mauvais goût, car dans sa plaidoirie il avait dénoncé la fiabilité de la graphologie et voué aux gémonies les graphologues qu’il fallait, je le cite : « Chasser de nos tribunaux pour ne plus subir leur fantaisie. »
Mais alors pourquoi avait-il accordé foi aux attestations de graphologues qu’il avait sollicités ? Vous avez pu lire que je précisais :
« Me Vergès est certainement un homme très astucieux et il sait que la graphologie n’est pas une science mais un art qui consiste à révéler, à analyser la personnalité d’un individu à partir de son écriture. Et ce n’est pas ce que le juge Renard avait demandé à Gilles Giessner et Florence Buisson-Debar. Le magistrat instructeur avait commis ces deux personnes pour une expertise en écriture. Et l’expertise en écriture est une discipline qui consiste à établir des similitudes ou des différences entre plusieurs manuscrits ; dans le cas d’espèce entre les écrits de Mme Marchal et les lettres manuscrites sur les portes. Le terme de graphologie est donc, dans cette affaire, impropre pour aborder le travail réalisé par les experts désignés par le magistrat. Et Me Vergès sait tout cela. Les avis émis par les experts de la défense n’ont aucune valeur probante. Ceux-ci n’ont pas travaillé sur les originaux mais sur des reproductions, comme l’un d’entre eux. » (pages 317 et suivantes de mon ouvrage).

Chère indécise je n'ai pas d'autre exemple d'une telle dénonciation.

Sachez cependant que l'expertise en écriture n'est pas le seul élément à charge contre Omar Raddad. Merci de bien vouloir vous reporter à Questions/Réponses ; ici : http://omarlatuee.free.fr/index.php...

Très cordialement

annaparis annaparis ·  06 janvier 2016, 13:50

Merci de votre commentaire ; je parlais bien des experts en écriture (j'avais évoqué ceux de l'affaire Grégory), mais effectivement, les termes étaient ambigus. Pour ma part, je rejette tout leur travail, qu'il soit dans un sens ou dans un autre.

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