Les experts ont-ils pu déceler des traces de sang sur les vêtements de Omar Raddad ?

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".

«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

Publié le lundi 28 mars 2022, 06:28 - modifié le 28/03/22 - QUESTIONS/REPONSES - Lien permanent

Question d'importance à laquelle j'ai déjà répondu dans plusieurs de mes commentaires. Je vais toutefois la développer ici pour celles et ceux qui suivent cette rubrique sans pour autant s'intéresser aux questions des divers intervenants.

La présence de Omar Raddad dans le sous-sol, dans un temps contemporain à l'agression, est démontrée par la découverte sur ses effets personnels de micro-particules en corrélation, à l'état de traces, avec les sédiments prélevés sur la scène de crime. Si les expertises réalisées avaient pu démontrer qu'il y avait du sang de Mme Marchal sur un vêtement porté par Raddad, il est évident que cet élément de preuve, ajouté aux autres, devenait incontestable.
Hélas, les techniques d'exploitation de l'ADN de l'époque n'étaient pas ce qu'elles sont aujourd'hui car la recherche en biologie moléculaire a fait d'énormes progrès ! Que serait le résultat de l'expertise si elle était réalisée aujourd'hui !

Revenons au dossier, à nos investigations et ses suites. Pendant la garde à vue de Raddad, sur ses indications, nous saisissions la paire de chaussures et les vêtements qu'il disait avoir portés le dimanche 23 juin. Ces effets étaient adressés au laboratoire Serma à Bordeaux en vue d'expertises. Vu l'avez lu dans le rapport d'expertise, aucune trace ADN n'a réellement « parlé ». Sur la veste de Raddad étaient extraits 10 ng d'ADN qui n'ont pu être codifiés en raison de la présence d'inhibiteurs ("substances qui à faible concentration bloquent ou retardent une réaction chimique ou biochimique" - Le Petit Larousse).

J'ai écrit dans mon rapport de synthèse, témoigné à la barre de la Cour d'assises puis relaté dans mon ouvrage que l'absence de taches de sang sur les vêtements portés par Raddad pouvait s'expliquer par le raisonnement en fonction des données du dossier.
Quelles sont ces données :

L’absence de sang sur les poignées de la porte de la cave, manipulées obligatoirement par l’agresseur, atteste que celui-ci n’avait pas de sang sur les mains ; pourquoi en aurait-il sur les vêtements !
Les 70 à 80 cm environ qui devaient séparer les deux corps lorsque les coups de chevron étaient assénés ;
La superficialité de la majorité des coups à l’arme blanche qui situait l’agresseur relativement éloigné de la victime ;

L'examen attentif de la scène de crime - et des dossiers photographiques annexés à la procédure - permettait de se rendre compte qu’aucun des coups n’avait provoqué de jaillissement de sang. Le sang qui s’est écoulé des blessures de Ghislaine Marchal a imprégné le peignoir, et s’est répandu sur le sol. Comme il a été démontré par les différentes expertises, il y a eu extériorisation des blessures et non projection ou jaillissement de sang. Lors du double égorgement par exemple, les artères n'ont pas été sectionnées. C'est un élément décisif à même d'expliquer l'absence de sang sur les vêtements de Raddad. Mais il reste cependant ces 10ng d'ADN que la science de l'époque n'avait pu codifier !

Administrateur : Georges Cenci

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PHILIPPE FLOREMONT · 05 janvier 2022, 12:34

Je pense que les vêtements ne sont plus en possession de la Justice. C'est dommage car ils pourraient être de nouveau analysés avec les méthodes d'aujourd'hui nécessitant un nombre restreint de cellules.

Georges CENCI · 06 janvier 2022, 11:26

@ Philippe Floremont.

Bonjour.

Je pense vu l'importance de ce dossier que les scellés ont éte conservés. Cela fait des années que je mentionne que les vêtements du meurtrier devraient être à nouveau soumis à expertise génétique. Et il est vrai que la science en la matière aujourd'hui n'est plus celle de 1991.
Il est évident que si l'adn de Mme Marchal se trouvait sur un des vêtements de Raddad cela mettrait fin à toute polémique. Ce serait un élément de plus à charge. Et si l'analyse était négative les autres charges incontournables seraient toujours là pour attester de la culpabilité.
La justice et la parie civile n'ont pas à demander une telle analyse ; comme sur le taille-haie ou le chiffon. Par contre la défense aurait pu le demander lors des deux requêtes en révision mais le faire serait prendre le risque de la positivité de l'analyse qui mettrait fin à l'exploitation éhontée de cette affaire.
Bien cordialement

Pierre Zimmermann · 05 juillet 2022, 11:09

Bonjour Capitaine,

Un particulier peut-il se charger de faire effectuer ces analyses à ses frais, puis de les communiquer?

Georges Cenci · 08 juillet 2022, 17:59

@ Pierre Zimmermann.
Bonjour.
L'article 156 du code de procédure pénale stipule que toute juridiction d'instruction ou de jugement, dans le cas où se pose une question d'ordre technique, peut, soit à la demande du ministère public, soit d'office, ou à la demande des parties, ordonner une expertise... Cet article répond à votre question.
Un particulier quel qu'il soit ne peut se charger même à ses frais de faire effectuer une expertise et ces analyses rentrent dans le domaine de l’expertise. Je vous laisse imaginer ce que deviendrait la procédure pénale si n'importe quelle personne pouvait se substituer à l'une des parties ou à une des juridictions.
Lors de cette procédure si vous avez suivi son évolution nous avons eu pléthore d'experts privés commandités par les avocats de la Défense ; Vergés avait réuni un melting-pot de neuf attestations copiées-collées qui ont été rejetées par la Cour de révision des condamnations pénales (voir Omar l'a tuée) ; celui de Noachovitch a été formellement contredit par l'expert judiciaire. Je vous parle en connaissance de cause car je détiens ces documents.
Bien cordialement.

Omar l'a tuée