Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

Quel est le mobile du meurtre ?

Chacun le sait, le fait de donner volontairement la mort à autrui constitue un meurtre. Cela implique que celui auquel ce crime est reproché ait eu la volonté de tuer. C'est l'élément moral des éléments constitutifs de cette infraction. Cette intention homicide dont l'appréciation appartient aux juges, peut s'induire de la circonstance que l'auteur des coups portés et des blessures faites volontairement a fait usage d'une arme dangereuse et frappé la victime sur une partie du corps particulièrement exposée voire sur tout le corps. Elle peut également s'induire de la force avec laquelle les coups ont été donnés.

Ceci étant précisé, dans le cas qui nous intéresse, il ne pouvait être retenu une incrimination d'atteinte involontaire à la vie qui résulterait d'une maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ; ou des violences ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner.

Le mobile c'est-à-dire la raison du crime peut revêtir différents aspects : passionnel, crapuleux, sexuel, mafieux, etc. Quel est donc le mobile de ce meurtre tel qu'il a été retenu par toutes les juridictions. Pour quelle(s) raison(s) Ghislaine Marchal a-t-elle été tuée par Omar Raddad ?

J'ai la conviction, je l'ai écrit et je le réitère encore aujourd'hui, que Omar Raddad ne s'était pas rendu à La Chamade pour enlever la vie à Ghislaine Marchal ni même pour la voler. Par contre, et l'information judiciaire le démontrera sans conteste, Raddad avait prémédité de se rendre chez elle le dimanche 23 juin 1991. N'avait-il pas imposé, la veille seulement, à son deuxième employeur, Mme Pascal, de travailler ce jour-là, alors qu'il ne l'avait jamais fait un dimanche d'autant plus jour d'une fête de sa religion, qu'il aurait dû passer en famille à Toulon !
Omar Raddad, à plusieurs reprises, avait affirmé son attachement à l’islam qu’il disait pratiquer régulièrement. Se posait alors les questions de savoir pourquoi le samedi, jour consacré à la famille, ne l'avait-il pas rejoint ? Pourquoi ne s'était-il pas rendu à Toulon alors qu’il n’avait pas vu son épouse et son nouveau-né depuis une quinzaine de jours ? Raddad était-il dans le besoin ? Avait-il des difficultés financières suffisantes pour expliquer ce comportement peu en phase avec les préceptes de sa religion ?

J'énonçais dans mon rapport de synthèse :

« Les investigations démontrent que de l’argent a disparu du sac de Ghislaine Marchal. Le vol est donc connexe à cet homicide. Omar Raddad est-il un voleur d’habitude ? Rien ne permet de l’avancer. Omar Raddad est-il dans une situation financière difficile ? L’enquête le démontre et met en évidence les raisons. Les demandes d’avance sur salaire de plus en plus fréquentes, les loyers impayés, la fréquentation d’une prostituée, le vice du jeu sont autant d’éléments qui attestent les besoins d’argent de l’inculpé. »

sacamain.jpg

Cette visite à La Chamade n'avait d'autre but que de demander une nouvelle avance sur son salaire à Mme Marchal. Celle-ci lui ayant été refusée il tuera sa patronne pour s'emparer de l'argent qu'il savait trouver dans le sac déposé sur l'abattant du meuble-secrétaire de sa chambre. Si ses gestes meurtriers, au départ étaient spontanés la suite était plus résolue dans la volonté de donner la mort. Tel est le mobile du crime.
Nous avions déterminé qu’aucun objet, même le plus insignifiant, n’avait été dérobé dans la demeure. Aucune pièce, aucun meuble n’avait été fouillé, aucun désordre constaté, aucune effraction remarquée. Pourtant, comme je le consignais dans mon rapport :

« Les investigations à l’intérieur de l’habitation ne permettent pas la découverte de numéraire. Ghislaine Marchal est une personne aisée. Il n’est pas logique qu’elle ne détienne aucune coupure. Dans un premier temps, de nombreux témoignages font état que Ghislaine Marchal avait toujours par-devers elle une somme d’argent assez importante, évaluée par ses proches à un minimum de 5000 F. »

Des témoignages (son fils, sa femme de service, son médecin, sa confidente) confirmaient nos constatations. Il n'était pas logique qu'aucune coupure ne se trouve dans le sac à main. L'enquête de la gendarmerie démontrait sans ambages que de l'argent avait disparu, et permettait de retrouver la trace d'un retrait important de fonds par Mme Marchal quelques jours avant son décès et que ses dépenses en espèces dans l'intervalle (témoignages à l'appui) n'avaient entamé qu'une faible partie de ce retrait. Ceci étant de nature à confirmer que, selon son habitude, elle détenait bien le jour des faits, dans son sac, la somme dont nous avions calculé le montant probable, en l'espèce environ 4000 francs.

Bien évidemment nous avons examiné d'autres mobiles comme celui du crime crapuleux par un rôdeur et celui à caractère sexuel. (cf. Omar l'a tuée pages 51, 52, 98 à 103). C'est la thèse du familier qui s'imposera pour des raisons évidentes que l'information judiciaire établissait.

Georges Cenci

Administrateur : Georges Cenci

Restez au courant de l'actualité et abonnez-vous au Flux RSS de cette catégorie

Boy Boy ·  15 décembre 2015, 06:17

Bonjour,

Juste une question :

4000 francs c'est beaucoup dans les années 1990
Avez vous retrouvé la trace de l' argent volé lors de la perquisition au domicile de l'inculpé ?
Si Raddad a recouvert une dette de jeu avec cet argent vous avez du avec votre équipe retrouver facilement à qui il a remboursé ? Il a donné de l'argent à son entourage ? fait des achats ?

Par avance merci beaucoup Monsieur Cenci

Georges Cenci Georges Cenci ·  15 décembre 2015, 11:13

@Boy : Bonjour.
Sur les 5 000 francs retirés de sa banque, le jour du meurtre il devait lui rester environ 4 000 francs ; en 1991 c'était effectivement une somme ... pour moi en tout cas mais n'oublions pas que si Mme Marchal n'était pas immensément riche et n'était pas l'héritière de l'accessoiriste Marchal, elle était aisée.
Il faut aussi tenir compte qu'elle payait ses employés, Mme Liliane Receveau comme Omar Raddad en numéraires ; tout comme les artisans qui intervenaient à La Chamade, son médecin.
J'ai relaté dans mon ouvrage que nous n'avions pas trouvé d'argent lors de la perquisition à son domicile ou celui de sa belle-mère à Toulon.
Quant à la deuxième partie de votre question, nos investigations ne nous ont pas permis de déterminer où était passé cet argent. Il est un fait certain et je l'ai relaté aussi dans mon ouvrage Raddad, qui est tout sauf un imbécile, a déclaré à son épouse qu'il avait perdu l'argent dans le train qui l'acheminait de Cannes à Toulon ; une façon d'expliquer à sa femme que c'était l'argent des loyers que le couple devait.
J'en parle dans mon ouvrage (voir page 120) :

« Cet argent volé à Ghislaine Marchal le dimanche 23 juin, de quelle façon Raddad l’a-t-il utilisé ?
L’enquête n’a pu le démontrer. Mais je dois admettre que Raddad est un homme qui n’a pas de chance. Il perd au jeu, et il perd dans le train le peu qui lui reste, le lundi 24 juin lorsqu’il se rend à Toulon. Ce n’est pas lui qui le dit, c’est Latifa :
- « Oui, en arrivant Omar m’a dit qu’il avait perdu de l’argent dans le train. Je crois qu’il m’a parlé de la somme de 800 francs. »

Souvenez-vous, comment va-t-il annoncer à son épouse qu’il n’a pu payer les loyers et qu’il n’a pas d’argent ? Pratique le vol dans le train ! Mais ce n’est là que supposition de gendarme. Tout cela est bien différent des arguments étalés dans la presse n’est-ce pas ? Mais, je ne peux rappeler autrement la recherche de la vérité judiciaire. »

J'espère avoir répondu à votre question.
Cordialement

ragip ragip ·  18 février 2018, 13:02

"Sur les 5 000 francs retirés de sa banque, le jour du meurtre il devait lui rester environ 4 000 francs ; en 1991 c'était effectivement une somme"

On parle seulement de 900 euros d'aujourd'hui (en conversion actualisée avec l'inflation). Très loin de pouvoir éponger les dettes soulevées par l'accusation. Un homme aussi "hypocrite" selon cette dernière, capable de cacher ses sentiments, de "préméditer sa venue à la Chamade", aurait donc été jusqu'à commettre un meurtre sous le coup de la colère / frustration que sa patronne ne lui ait pas accordé le crédit ? Même si les preuves sont accablantes, le mobile est un peu faible quand même, et ne cadre pas bien avec le profil psychologique de l'accusé, qui aurait pu tout à fait profiter de n'importe quelle occasion pour voler l'argent, par exemple.

Georges Cenci Georges Cenci ·  20 février 2018, 17:20

Lorsqu'il s'est rendu à la Chamade, Omar Raddad n'avait pas d'intention d'homicide puisqu'il s'agit d'un meurtre spontané dû au refus de Ghislaine Marchal de ne pas lui consentir une nouvelle avance sur salaire. Omar Raddad a profité de l'occasion pour voler l'argent. Délit qu'il n'aurait pas commis dans une autre circonstance car celui-ci n'était ni un délinquant ni un voleur (aucune procédure antérieure)
Oui, Omar Raddad a commis un meurtre sous le coup de la colère, frustré du refus de l'avance financière sollicitée.
Hélas, Omar Raddad n'a pas l'apanage des défauts dont on peut l'affubler, voyez les actualités récentes : affaire Lelandais, celle du meurtre d'Alexia Daval par le mari éploré, Tiphaine et Fiona fillettes martyres tuées par leur mère et leur compagnon, et encore et encore. Hélas !
Cordialement

Ajouter un commentaire Fil des commentaires de ce billet

No attachment



À Voir Également

photo 32

Comment une femme lettrée a-t-elle pu commettre une telle faute d'orthographe ?

« Omar m'a tuer ». Quelle vulgaire faute d'orthographe n'est-ce pas ! Comment une femme prétendue lettrée avait-elle pu commettre une telle entorse d'écriture !

Lire la suite

naranjo_freelance.jpg

Qu'en est-il de l'information faisant état de l'existence d'un deuxième Omar ?

Après la déconfiture de la prétendue manipulation des jurés et la déconvenue du tournevis du couple Vergés / Patricia Goodland-Clark, il fallait bien que perdure cette affaire. Il y a tellement d'intérêts en jeu !

Lire la suite