Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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Jean-Marie Rouart, un académicien condamné pour diffamation

Un nouveau jugement pour Omar Raddad de Jean-Marie Rouart

Depuis le 24 juin 1991, date de la découverte du corps de Ghislaine Marchal dans la cave de sa villa de Mougins (Alpes-Maritimes), Omar Raddad n'a pas cessé de crier son innocence. Sa condamnation en 1994 à dix-huit années de prison "avec les circonstances atténuantes" montre que les jurés eux-mêmes n'étaient pas tous convaincus de sa culpabilité.
On ne peut interpréter autrement ces "circonstances atténuantes" pour un crime abominable au cours duquel la victime a été longuement torturée et qui ne méritait aucune mansuétude. Cette condamnation d'Omar Raddad a provoqué en France et à l'étranger une vaste indignation.
L'opinion s'est émue à juste titre d'une condamnation qui présente toute les apparences d'une erreur judiciaire. Comment expliquer sinon que six livres aient été écrits pour défendre la cause d'Omar Raddad, des centaines d'articles, des dizaines d'émissions de télévision et aujourd'hui un film Omar m'a tuer de Roschdy Zem.
Ces livres et ce film ont convaincu un public de plus en plus vaste qu'une erreur judiciaire a été commise. Avec plusieurs écrivains, j'ai constitué en 1994 un comité de défense, intitulé : "Omar Raddad la révision pour la vérité". Je me permets de vous rappeler la liste des écrivains qui, avec le soutien d'Albin Chalandon, ancien Garde des Sceaux, ont défendu l'idée que trop de doutes subsistaient sur la culpabilité d'Omar Raddad et qu'il méritait d'être rejugé.
Jean d'Ormesson, Henri Troyat, Maurice Rheims, Hector Biancotti, François Nourissier, Edmonde Charles-Roux, Jean Caseneuve, Pierre Chaunun Bernard Frank, Philippe Sollers, Erik Orsenna, Dominique Fernandez, Didier Van Cauwelaert, Philippe Tesson, André Comte-Sponville, Catherine Nay, Jean Chalon, Marcel Schneider, Jean Ferniot, Raphaëlle Billetdoux, Lucien Bodard, Pierre Schoendoerffer, Eric Ollivier, Jacques Duquesnes, Serge Lentz, Marcel Jullian, Pierre Vidal Naquet, Patrick Grainville, Pierre Combescot, Paula Jacques, Yves Berger, Paul Guimard, Benoîte Groult, Philippe de Saint Robert, Gabriel Matzneff, Jean-François Kahn, Marc Cholodenko, Gonzaque Saint Bris, Eve de Castro, Diane de Margerie, Viviane Forrester, Eric Neuhoff.
C'est pourquoi je me tourne aujourd'hui vers vous pour vous demander d'accéder au souhait d'Omar Raddad qui n'a cessé de vouloir être rejugé. Un nouveau jugement apparaîtrait d'autant plus légitime que c'est grâce à l'émoi suscité par sa condamnation que Elisabeth Guigou a fait voter le projet de loi établissant un appel dans les procédures de cour d'assises. Non seulement, il n'a pas bénéficié de cette possibilité d'appel, mais il n'a pas non plus été jugé par un arrêt motivé comme l'exige désormais la jurisprudence européenne.
Pour toutes ces raisons, confiants dans votre sens de la justice nous vous sollicitons afin que vous demandiez au premier ministre et au Garde des Sceaux de former un pourvoi en "cassation dans l'intérêt de la loi et du condamné".
En effet, s'il s'agit d'abord du cas d'un homme qui crie son innocence depuis vingt ans, cette affaire aujourd'hui le dépasse. Elle apparaît comme une tache pour l'image de la justice et celle de la France. L'opinion qui doute fortement de la culpabilité d'Omar Raddad aspire à ce que justice lui soit rendue.
Parce que nous vous savons sensible aux victimes de l'injustice, nous faisons appel à votre sentiment d'humanité envers un homme qui a beaucoup souffert et à votre sens de l'équité. Vous seul pouvez restaurer ce sentiment de confiance si gravement entamé que chacun voudrait pouvoir éprouver pour la justice en France.
Jean-Marie Rouart.

''(Source : Point de vue – Le monde.fr du 11 juillet 2011)

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Petit rappel à ceux qui ont la mémoire courte...

Affaire Omar Raddad : Jean-Marie Rouart condamné pour diffamation.

L'académicien Jean-Marie Rouart, 58 ans, a été condamné mardi à 9 000 € d'amende par le tribunal correctionnel de Paris pour diffamation envers la famille de Ghislaine Marchal après ses prises de position sur l'affaire Omar Raddad.
M. Rouart avait écrit dans un article du Figaro du 26 juin 2001 et dans la nouvelle préface de son livre Omar, la construction d'un coupable, publié en 1994 et réédité en 2001, qu'Omar Raddad, condamné pour le meurtre de Mme Marchal, avait été victime d'une justice orientée par la famille de la victime.
Omar Raddad a été condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle par la cour d'assises des Alpes-Maritimes pour le meurtre de sa patronne commis le 23 juin 1991 à Mougins, et qui a été retrouvée barricadée dans la cave de sa villa après avoir écrit « Omar m'a tuer » sur les portes.
Les parties civiles,Christiane et Claude, sœurs de Ghislaine Marchal, son fils, Christian Veilleux, et son beau-frère Bernard du Granrut, ancien bâtonnier de Paris, ont obtenu un total de 34 500€ de dommages et intérêts, dont 12 000€ à M. Veilleux.
M. Rouart, dont l'avocat, Me Thierry Lévy, a annoncé son intention de faire appel, doit cependant payer immédiatement les dommages-intérêts et faire publier sa condamnation dans trois journaux. Le jugement reproche principalement à M. Rouart une absence de sérieux dans son enquête, qu'il juge incomplète et non contradictoire.
Il ne lui impute pas une animosité envers la famille mais un manque de réserve, pour avoir raconté le procès de 1994 sans y assister, pour ne pas avoir contacté la famille, et pour avoir écrit à partir « d'éléments épars, incomplets et dont la recherche n'est surtout que la conséquence d'une conviction et non son préalable »
Le sens de la justice de M. Rouart, ajoute le jugement, « présente une singularité certaine par rapport à ce que la loi exige, caractérisé par l'absence de préjugés et une appréciation équilibrée des éléments soumis »... « En sa qualité de journaliste et, au surplus de membre de l'Académie française, (il) se devait (...) de s'abstenir de mettre en cause publiquement de façon aussi grave les parties civiles, dès lors qu'il n'avait aucunement les éléments lui permettant de le faire ». conclut le tribunal.

(Source : Le Figaro du 20 février 2002)

Jean-Marie Rouart s'est montré surpris par la sévérité du jugement et par la mise en cause de son travail journalistique. Il a regretté que le débat sur le fonds, l'innocence d'Omar Raddad, n'ait été à aucun moment pris en compte.
Le 10 octobre 2002, la 11ème chambre de la Cour d'appel de Paris confirmait le jugement de condamnation du 19 février 2002.

Georges Cenci

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