Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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Chapitre III ; extrait n°8

L'enquête judiciaire (suite)

(...)
Omar Raddad est longuement entendu. Douze pages d’audition en témoignent. Plusieurs enquêteurs se relaient entre chaque plage de repos.

Après des heures d’observation, je le définis ainsi dans mon rapport de synthèse : "De son interpellation à son inculpation, Omar Raddad nous apparaît comme un homme calme, réfléchi, atypique, déconcertant par son impassibilité, psychologiquement solide. Sa seule réaction physique a été provoquée par la vision de photographies de l’égorgement de Ghislaine Marchal où il a tourné la tête. Il nous apparaît, lors de sa garde à vue, comme un homme habile, se donnant le temps de la réflexion aux questions embarrassantes".
Subtil comportement de cet homme qui, pendant ses temps de repos, entretient le dialogue avec les gendarmes qui l’entendent, mais les oblige, dès qu’ils reprennent l’audition, à répéter leurs questions. Il ne se contredira jamais pendant tout le temps de sa garde à vue et niera être l’auteur du meurtre de Ghislaine Marchal.
Pour résumer cette longue audition, que nous déclare Raddad :
- "Qu’il est marié avec Latifa Chérachni qui lui a donné deux enfants. Il a conservé sa nationalité marocaine et après s’être mis en conformité avec la réglementation sur les étrangers en situation irrégulière, il a obtenu une carte de séjour. Il est jardinier chez Mme Marchal et Mme Pascal. Il a travaillé chez cette dernière, le dimanche 23 juin de 8 h à 12 h. Après avoir démarré son cyclomoteur, il quitte le mas St-Barthélémy et se dirige vers Cannes. Arrivé au Val de Mougins, vers 12 h 05, il s’arrête dans une boulangerie. Celle où il n’y a pas d’escalier, précise-t-il. Il achète une demi-baguette de pain, décrit la jeune femme qui le sert, donne des détails sur les clients qui le précèdent et sur le prix de certaines pâtisseries. Il ajoute qu’un homme se trouvait dans un local derrière le comptoir et que parfois c’est un homme qui le sert. Il arrive à son domicile, "Le Lotus", avenue de Grasse, au Cannet, vers 12 h 15, 12 h 20. Que pénétrant dans la cour de l’immeuble, il croise le gérant du Casino, lequel est aussi son voisin et remarque, lorsqu’il attache son cyclomoteur, un résident du Lotus qui entre dans la cour. Chez lui, au premier étage, il mange un morceau de fromage et la demi-baguette, boit le thé qu’il s’est préparé, fume une cigarette et regarde pendant quelques minutes "Le juste prix" à la télévision. Il est seul à son domicile, son épouse et ses deux enfants sont dans la famille à Toulon. A 12 h 40, 12 h 45, il quitte son domicile et rejoint le mas St-Barthélémy où il arrive vers 13 h, 13 h 10, heure à laquelle il reprend son activité. Après la fin de son travail, il téléphone à sa femme à Toulon pour lui dire qu’il viendra lundi matin."
Son audition nous apprend que depuis quelques mois il demande à ses deux employeurs des avances sur salaire et qu’il fréquente les prostituées :

"La semaine dernière, à deux reprises, j’ai fait l’amour avec une prostituée. J’avais rencontré cette femme sur la Croisette…"

Et qu’il a des difficultés financières :

"Effectivement, j’ai des difficultés financières étant donné que je dois deux mois de loyer en retard, avril et mai..."

Bien d’autres détails marquants vont se révéler dans cette enquête. Tous seront vérifiés et feront l’objet d’investigations très poussées.
Parallèlement à la longue audition de Raddad, il était nécessaire de vérifier la véracité de son emploi du temps ce dimanche 23 juin. Il fallait faire très vite au cas où nous devrions le présenter devant un magistrat du tribunal de grande instance de Grasse. L’adjudant-chef Bégou et le gendarme Jean-Jacques Rigas vont se transporter, avec Raddad, au Val de Mougins afin qu’il leur indique la boulangerie dans laquelle il s’est rendu le dimanche. C’est Raddad, lui-même, qui leur désigne l’établissement. Mlle Corinne Dray, l’employée de La huche à pains, leur indique que la boulangerie était ouverte dimanche jusqu’à 13 h et qu’elle y travaillait. Raddad leur décrit la jeune femme qui l’avait servi. Corinne Dray correspond parfaitement à cette description. Ils sont mis en présence. Corinne Dray connaît cet homme de vue car il vient de temps en temps à la boulangerie, mais elle ne peut dire si ce dimanche elle lui a vendu du pain. Omar Raddad est client de cette boulangerie. A-t-il confondu La huche à pains avec l’autre boulangerie située à proximité ? Que dit-il dans son audition ?

(à suivre...)

© Editions l’Harmattan

Georges Cenci

Administrateur : Georges Cenci

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hanna hanna ·  08 janvier 2013, 12:17

Bonjour,

J'aimerais s'avoir si ce document est un vrai ?
"http://aventuresdelhistoire.blogspo..."

Suite a votre réponse j'aurais quelque questions des plus pertinentes pour vous.

Je vous remercie donc d'avance.
Bien cordialement, Hanna.

Webmaster Webmaster ·  09 janvier 2013, 11:55

@hanna : Bonjour ;

Je relaye Georges Cenci pour vous informer que le lien sur aventures de l'histoire est un article de fond rédigé par Monsieur Balbino Katz, rédacteur en chef d'"Aventures de l'Histoire" paru dans l'édition éponyme n° 18.

D'autre part je vous confirme que nous n'avons reçu que 4 commentaires de votre part sur ce blog.
- Les 2 premiers sur le billet relatif "aux 2 boulangeries" et qui sont en ligne ;
- Le 3ème pour nous informer que vous aviez auparavant publié 2 commentaires que nous n'avons jamais reçus ;
- et le 4ème ci-dessus auquel je réponds ici même.

Bien cordialement.
Le webmaster d'"OmarLaTuee.free.fr"

hanna hanna ·  10 janvier 2013, 10:09

Donc ce document est bien un vrai, sur ce document il y est écrie que l'appel d'Omar Raddad vers sa famille à Toulon est fait à 12h45, vous confirmez?
En suivent donc ce document, depuis quelque temps je lis à peu prés tout se qu'il y a sur ce site, et maintenant j'aimerais pausé la question pourquoi Mr Cenci dit que l'appel a était fait après son travail de l’après-midi chez Mme Pascal sens signaler qu'il y a eu deux appel vers sa famille à Toulon? Dont un avant son travail et un autre après son travail chez Mme Pascal.

"A 12 h 40, 12 h 45, il quitte son domicile et rejoint le mas St-Barthélémy où il arrive vers 13 h, 13 h 10, heure à laquelle il reprend son activité. Après la fin de son travail, il téléphone à sa femme à Toulon pour lui dire qu’il viendra lundi matin."

Cordialement,
Hanna

Georges Cenci Georges Cenci ·  12 janvier 2013, 05:52

@hanna : Bonjour.
Enfin, vous êtes parvenue à nous joindre !
Le reportage dont vous faites état résume l'enquête réalisée par Monsieur Balbino Katz, rédacteur en chef d'Aventures de l'Histoire qui, à la page 16 de sa revue éponyme n° 18, précise à la rubrique « chronologie comparée de Ghislaine Marchal et Omar Raddad le dimanche 23 juin 1991 » que Omar Raddad téléphone à sa famille à 12 heures 45 ; puis qu'il arrive à 13 heures 10 au mas St-Barthélémy (pour y reprendre son travail).
Vous me posez la question de savoir pourquoi, je cite : « j'aurais dit que l'appel était fait après son travail de l'après-midi chez Mme Pascal sans que je signale qu'il y aurait eu deux appels vers sa famille à Toulon ; dont un avant son travail et un autre après. »
Je vais donc rouvrir mon ouvrage et vous communiquer ce que j'ai écrit à ce sujet en y apportant des précisions si nécessaire.

A la page 47 de mon ouvrage, j'écris que : « A 12 h 40, 12 h 45, il quitte son domicile et rejoint le mas St-Barthélémy où il arrive vers 13 h, 13 h 10, heure à laquelle il reprend son activité. Après la fin de son travail, il téléphone à sa femme à Toulon pour lui dire qu’il viendra lundi matin ».
C'est donc la phrase que vous avez reprise dans votre question. Mais, vous ignorez que je n'ai fait que retranscrire, en synthétisant bien sûr, ce que Raddad nous avait déclaré. Or, Raddad cachait cet appel de 12 heures 51. Il n'en faisait pas état dans ses 12 pages d'audition.
Ce n'est que le 2 juillet 1991, qu'un courrier parvenait au cabinet d’instruction. C’était une lettre de Raddad qui correspondait avec le magistrat pour l’informer qu’il avait d’autres arguments à verser au dossier. Une information importante en effet. Il écrivait : « Le jour de mon départ de chez moi après manger vers 12 h 45, j’ai téléphoné dans une cabine en face Super M pour trois ou quatre minutes à Toulon. J’ai parlé avec ma belle-mère. Après, je suis parti pour reprendre mon travail ». (cf. Omar l'a tuée, page 55).
Par contre, le 11 octobre 1991 lorsque Raddad était entendu par le juge d'instruction, il déclarait : « Ma dernière communication a été passée le dimanche qui précédait mon départ pour Toulon, il était une heure moins le quart et je n’ai pas retéléphoné par la suite » précisait-il. Toujours inexact, car nous prouvions qu’il avait téléphoné le lundi avant de prendre le train pour Toulon.
Je me posais alors la question de savoir si le mensonge était chez Raddad une seconde nature ? (cf. Omar l'a tuée, page 96)

En lisant mon ouvrage vous pourriez constater le travail important que nous avions réalisé pour vérifier ses dires. Nous avions entrepris, à grande échelle, des investigations sur les cabines téléphoniques implantées sur l’itinéraire : chemin St-Barthélémy - domicile Omar Raddad. C’est à partir d’une cabine, la n°407, installée rue Franklin Roosevelt au Cannet, qu’un appel était enregistré à 12 h 51 min 19 s, le 23 juin 1991 à destination de Chérachni Aïcha, belle-mère de l’inculpé. Cette communication avait duré 2 min 17 s.
Dès le départ de l’enquête, des contradictions apparaissaient en ce qui concerne cet appel téléphonique. C’est tout d’abord Omar Raddad, pendant sa garde à vue, qui ne le précisait pas et le situait à plusieurs reprises en début de soirée. L’enquête déterminait qu’aucun autre appel n’avait été passé ce jour-là à destination du domicile de sa belle-famille.
Dans le but de vérifier la déposition de l’inculpé qui déclarait qu’il appelait régulièrement son épouse à Toulon, nous consultions, pour la période du 1er au 24 juin 1991, les dizaines de milliers de communications établies à partir des 333 points-phones et 564 cabines publiques de la région Cannoise. Dix appels étaient recensés.

Comment expliquer que Raddad se souvenait du prix des pâtisseries mais passait sous silence cet appel de 12 heures 51 !
Mais était-ce bien lui qui avait téléphoné ? Comment Raddad avait-il pu l’oublier cet appel téléphonique, dont il ne fera état par courrier, nous l'avons vu, que le 2 juillet 1991 ?
En tenant compte des éléments probants du dossier, à savoir l’heure à laquelle Raddad quittait le mas St-Barthélémy et l’heure à laquelle cet appel était recensé, il s’écoule 51 minutes. Plusieurs minutages des itinéraires étaient réalisés, dans les conditions les plus approchantes, avec un cyclomoteur identique à celui de Raddad. Toutes les possibilités étaient plusieurs fois considérées. Quelle que soit la situation, déclarée ou supposée, il disposait, hors délais de circulation, de 35 à 40 minutes, délai largement suffisant, pour se rendre à La Chamade et accomplir son forfait.

Pour synthétiser : Raddad a caché dans un premier temps l'appel de 12 heures 51 (l'avocat de la partie civile, Me Leclerc, lors du procès émettait à ce sujet de sérieux doute), ensuite il écrivait au juge d'instruction qu'il venait de se souvenir qu'il avait téléphoné vers 12 heures 45 précisant que c'était le dernier appel à sa belle-famille ; or nous prouvions qu'il l'avait appelée le lundi avant de prendre le train pour Toulon ; et non le dimanche soir comme il l'affirmait.

J'espère avoir répondu à votre question.
Cordialement.

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