Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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Chapitre IV ; extrait n°13

L'enquête sur commission rogatoire (...la suite)

L'impossible mise en scène
Il est bien évident que je me suis interrogé sur une possible mise en scène. Je l’aborde dans mon rapport où je m’implique lorsque j’écris : "Les caractères nets, appliqués, non déformés, écrits par une personne lucide et déterminée, excluent toute écriture sous la menace et la contrainte".

De toute évidence, la thèse de la mise en scène est absurde et n’a trompé ni gendarmes ni magistrats ni plus tard les jurés. Pourquoi ? Le transport de justice du 18 février 1992 a démontré l’impossibilité de la mise en scène d’un meurtrier sortant de la cave et installant un dispositif tel que celui que la victime a conçu.
Ce jour-là, Raddad est extrait de la maison d’arrêt de Grasse mais refusera de pénétrer dans le sous-sol. Démarche de la défense discutable mais qui me semble cohérente puisque son client a toujours nié sa présence sur les lieux. La reconstitution se fera sans lui mais avec ses conseils du moment, Maîtres Girard et Baudoux. La partie civile étant représentée par Maitre Henri Leclerc, le parquet par le procureur de la République adjoint, Bernard Farret.
Le juge Jean-Paul Renard va parfaitement diriger cette reconstitution, à laquelle j’ai participé. Il serait trop fastidieux de reproduire, dans son intégralité, l’inattaquable procès-verbal qu’il a rédigé. Pour l’essentiel, le juge écrit :

"Nous replaçons les objets tels qu’ils ont été découverts le 24 juin 1991, nous remarquons que la barre métallique présente deux marques, l’une d’un centimètre de couleur grise et l’autre, opposée, d’une longueur de 15 cm représentant un frottement métallique en hélice. Cette extrémité est légèrement coudée, le début de la courbure se situant à 15 cm de l’extrémité... Le chevron de bois présente, sur une de ses faces, une trace d’écrasement oblique (que nous avions marquée d’un repère)".

photo 38

Le juge Renard demande ensuite à mes camarades Liedtke et Teulière de réitérer les gestes qui leur ont permis de pénétrer dans la cave. Les deux gendarmes s’exécutent et ne varieront pas dans leur démarche, qui est consignée par le magistrat.
Celui-ci poursuit :

"Nous replaçons la barre métallique sous la porte, à même le sol. Nous constatons que la faiblesse de son diamètre fait que l’extrémité inférieure de la porte passe au-dessus sans entraîner de blocage ou de frottement. Nous plaçons ensuite le tube métallique en appui sur le chevron et l’extrémité sous la porte. Le chevron faisant levier, la porte est bloquée. Pour que la porte reste bloquée dès le début de la manœuvre d’ouverture, il faut que le tube métallique prenne appui sur le chevron à la moitié de sa longueur environ, à proximité de la trace de courbure déjà décrite. Si le tube métallique ne prend appui sur le chevron qu’à l’extrémité opposée à celle passée sous la porte, l’élasticité du métal fait fléchir le tube au fur et à mesure de l’avancée de la porte et cette dernière n’est pas bloquée. Si le chevron est placé trop près de la porte, l’angle pris par le tube métallique par rapport au sol interdit de faire passer le tube sous la porte. Ce positionnement du tube sur le chevron explique les traces et déformations constatées sur celui-ci. La tache grise, située à l’extrémité, correspond à la partie reposant sur le ciment. La barre étant oblique par rapport au sol, seule son extrémité reposait sur le sol cimenté. Les traces métalliques opposées par rapport à la tache grise correspondent au ripage de la porte sur le tube. Le tube a été tordu sous la violence de la poussée exercée par les gendarmes. Les traces métalliques en hélice semblent indiquer que la pression exercée par la porte sur le tube métallique a fait tourner celui-ci sur lui-même, en même temps qu’il ripait sur le sol. La trace d’écrasement du bois observée sur le chevron paraît avoir été provoquée par la pression du tube métallique qui reposait sur le chevron. Nous notons que cette trace est plus importante en profondeur et en largeur sur une arête que sur le reste de l’empreinte, ce qui peut s’expliquer par le déplacement latéral du tube métallique qui se tournait sur lui-même, en appui sur l’arête".

Liedtke et Teulière tentent alors d’ouvrir la porte. Ils y parviennent au terme d’une importante poussée après que le lit eut été dégagé par le gendarme Liedtke. Comme le note le juge Renard :

"Me Girard se propose ensuite de démontrer qu’il est possible, moyennant un positionnement préalable du lit, du tube et du chevron, de quitter la cave et de bloquer la porte depuis l’extérieur. Il parvient à quitter la cave après avoir positionné ces trois objets. Pour obtenir une ouverture suffi-sante de la porte afin de pouvoir sortir, il est contraint de pla-cer le tube métallique en appui sur le chevron à proximité de l’extrémité opposée à celle passée sous la porte, jouant ainsi sur la flexibilité du tube pour manœuvrer la porte. Une fois à l’extérieur, il déplace l’extrémité du tube vers la partie pivotante de la porte et laisse tomber le lit pliant. Cette manœuvre n’a cependant pas pour effet de bloquer la porte et à deux reprises Me Girard entre dans la cave sans avoir à exercer une poussée comparable à celle décrite par les gendarmes Liedtke et Teulière ni même sans rencontrer d’autre résistance que le poids du lit. Cette absence de blocage semble due au fait que l’élasticité relative du tube métallique ayant facilité la manœuvre de la porte pour pouvoir sortir ne pouvait que faciliter une nouvelle manœuvre de la porte pour permettre l’entrée".

Observateur attentif, le juge Renard souligne :

"Nous notons également que lors de la manœuvre de sortie de la cave, Me Girard a été dans l’obligation de faire pivoter la porte et de la faire passer sur le tube métallique qui fléchissait au fur et à mesure de l’avancement de la porte. Le frottement de la porte sur le tube a laissé à ce dernier des tra-ces métalliques sur 40 cm, traces qui n’apparaissaient pas sur le tube avant la manœuvre de Me Girard".

(à suivre...)

© Editions l’Harmattan

Georges Cenci

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