Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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Quel a été le rôle d'un certain Mimoun Barkani quant aux graves accusations portées contre le fils de la victime ?

Il a été fait état dans la presse, de la femme de service de Mme Marchal, Mme Liliane Receveau, et du fils de la victime, M. Christian Veilleux, que le détective Moreau n'hésitait pas à mettre en cause.

La partie civile faisait observer devant la Commission de révision des condamnations pénales que la requête en révision de l'avocat de Raddad mettait en avant des informations recueillies par une agence de détectives privés qu'elle avait chargé de prospecter ce qu'elle considérait comme des pistes inédites demeurées inexploitées pendant l'instruction. La partie civile ne manquait pas de noter, je cite :

« que la Défense en était réduite à monter en épingle les contradictions bien naturelles de déclarations recueillies à plusieurs années d'intervalle et à exploiter des témoignages tardifs et de seconde main et que, sous couvert de faits nouveaux, elle ne faisait état que d'approximations, de rumeurs et de médisances, mettant en cause pèle-mêle et sans souci de la cohérence, l'entourage de Liliane Receveau, employée de maison de la victime et Christian Veilleux, fils de la victime et partie civile au procès ».

Après les déboires médiatiques de la Défense sur la prétendue manipulation des jurés, l'arme du crime de Patricia Goodland-Clark, le deuxième Omar puis la mise en cause de Alain Vilas-Boas, de nouvelles accusations se profilaient ; fruits de l'imagination fertile et de la concurrence effrénée entre journalistes, avocats successifs de Raddad et détectives privés, par eux stipendiés contre Liliane Receveau et Christian Veilleux.

Le Parquet de Grasse, encore une fois, décidait d'une enquête préliminaire qu'il confiait aux gendarmes de la section de recherches de Marseille aux fins de vérifier ces informations médiatiques. C’était le lieutenant-colonel Felder, directeur d'enquête et chef de la section de recherches qui annihilait dans son rapport de synthèse ces diverses manipulations. Quelle était la conclusion de cet officier :

« Disons qu’à ce jour, l’enquête effectuée a permis de réunir des éléments tendant à établir que cette affaire subit des rebondissements à tiroirs, aussi fantaisistes que non prouvés et rocambolesques. Ceux-ci sont pilotés par des intervenants peu scrupuleux de l’institution judiciaire et du travail des enquêteurs. Les détectives privés incriminés et certains journalistes complices distillent au compte-gouttes, des informations lancées de façon opportune, justifiant ainsi leurs salaires vis-à-vis de leurs employeurs demeurant dans l’ombre ».

Comment pourrait-on accorder foi à ces enquêtes mercenaires dont les propos n'étaient pas authentifiés par leurs auteurs (le rapport du « criminaliste » Moreau comporte 30 feuillets mais hélas, aucun n'est signé !), mais recueillis sans la moindre garantie, dans des conditions douteuses et parfois au prix d'un harcèlement incessant des témoins (cf. l'enquête de la SR de Marseille). Aucune preuve matérielle ne venait étayer ces déclarations. Parlons-en !

Tout d'abord les accusations portées contre Liliane Receveau. Le sieur Moreau faisait dire à Pablo Cortes-Mateo, je cite :

« qu'il soupçonnait Liliane Receveau – sa concubine – d'être complice du meurtre de Mme Marchal et d'avoir fait endosser le forfait au jardinier Omar Raddad, d'autant qu'elle le détestait, en effet, elle a toujours été très raciste envers les personnes d'origine maghrébine. » (cf. page 7 du rapport Moreau).

Pour faire bonne mesure notre enquêteur privé allait même faire dire à Cortes-Mateo que Liliane Receveau était violente et qu'elle avait même tenté une fois de le poignarder.
Le gros problème pour la crédibilité de Moreau c'est que Cortes-Mateo était fâché avec la langue de Molière et qu'il était nécessaire de s'adjoindre le concours d'un interprète pour parvenir à matérialiser sur le papier la verbalisation de ses propos.
Le talentueux Moreau n’avait cependant pas pris cette élémentaire précaution. A quoi bon !
Je compare pour asseoir mon propos, deux éléments versés au dossier : le procès-verbal d’audition de M. Pablo Cortes-Mateo inséré à l’enquête préliminaire des gendarmes de Marseille et la déclaration, non authentifiée, recueillie par le commissionnaire Moreau de cette même personne.
Que constate-on ? Que les gendarmes ont dû avoir recours à un interprète pour recueillir le témoignage du Pablo Cortes-Mateo. Et celui-ci n’était pas comme Raddad, il avait vraiment une connaissance très imparfaite et approximative de notre langue. D’ailleurs, lorsqu’il s’était présenté le 9 octobre 1995 à la gendarmerie de Mandelieu, répondant à une convocation, les gendarmes n’avaient pu procéder à son audition, qu’ils renvoyaient, faute d’interprète, au 18 octobre.
Cela suffit à démontrer les charlataneries du sieur Moreau en ce qui concerne les insinuations sur Liliane Receveau.

barkani.jpgQuant aux graves accusations contre Christian Veilleux, elles prenaient forme, toujours sous la plume de Moreau. Comment ? Le procédé était toujours le même.
Dans son rapport (pages 23 et 24), Moreau faisait état de l'audition d'un certain Mimoun Barkani qu'il présentait comme majordome. Que lui faisait-il dire : que Mme Marchal l'avait employé de 1975 à 1985 ; qu'il était devenu très proche voire qu'un lien amical s'était forgé ; et je cite :

« ... elle m'a alors confié qu'elle craignait pour sa vie. Elle m'a précisé que son fils, Monsieur Christian Veilleux, insistait fortement pour lui emprunter de l'argent afin de créer une entreprise ; mais, comme elle s'y refusait, il se montrait de plus en plus menaçant et elle m'a affirmé qu'elle le soupçonnait de vouloir le tuer ».

Puis, pour faire bonne dose que :

« Lorsque Mme Marchal s'absentait de La Chamade son fils en profitait pour effectuer des photocopies de papiers et documents... ».

Pour évacuer cette dernière affirmation qui démontre le montage de l'audition et la malhonnêteté intellectuelle des « metteurs en scène », il convient de noter que Mimoun Barkani n'a jamais travaillé à La Chamade.
Mimoun Barkani se faisait donc accusateur de Christian Veilleux d'avoir voulu assassiner sa mère ! Sur quoi reposait cette accusation abominable ? Sur une déclaration dactylographiée de l'intéressé, datée du 3 mai 1994, (galimatias de 3 feuillets mis en forme au cabinet de Me Vergés) et apparue pour la première fois le 13 mars 1996 (lors de son audition par les gendarmes de Marseille). Bien évidemment ces graves accusations étaient réfutées par Christian Veilleux dont il était prouvé qu'il avait des relations très affectueuses avec sa mère et dépourvues de tout caractère conflictuel.

calomnies.jpg

Lors du procès en diffamation publique contre le Nouvel Observateur, son directeur de publication et un de ses journalistes qui avaient soutenu cette grave accusation, la présidente du tribunal déclarait :

« Enfin, alors que Me Vergès aurait été en possession de son témoignage dès le 03 mai 1994 ; date à laquelle, selon M. Barkani, le secrétariat de cet avocat aurait mis en forme le brouillon de ses déclarations ; Me Vergès, qui proclamait se trouver en présence d’une nouvelle affaire Dreyfus, n’aurait jamais évoqué cet élément, alors même que la condamnation de la cour d’assises n’était pas définitive, puisque l’arrêt de la Cour de cassation rejetant le pourvoi d’Omar Raddad n’est intervenu que le 9 mars 1995 ; ce point est au demeurant contesté par le détective Moreau qui affirme avoir été le premier, fin 1995, à faire connaître à Me Vergès les déclarations de M. Barkani dont il aurait lui-même retrouvé la trace ».

Il était noté dans la procédure d’audience :

« Le journaliste donne crédit à des allégations qui pouvaient jusqu’alors n’être considérées par le public que comme les outrances d’un avocat voulant à tout prix défendre son client. » - « Compte tenu de la présentation par le journaliste de l’hypothèse soutenue par l’avocat d’Omar Raddad, faite sans réserve ni distanciation, il appartient aux prévenus de rapporter non pas la preuve de la conformité du contenu de l’article au recours déposé par Me Vergès, mais la preuve de ce que M. Veilleux pourrait être l’auteur ou pourrait avoir participé au meurtre de sa mère, notamment pour des raisons financières. Or, au regard d’une telle imputation, l’analyse des déclarations des témoins cités par la défense n’apparaît nullement déterminante. » - « Le témoignage de Mimoun Barkani apparaît particulièrement invraisemblable ; en effet, alors que celui-ci aurait su, dès l’annonce de la mort de Mme Marchal, et avant même l’arrestation d’Omar Raddad, que M. Veilleux pouvait être responsable du meurtre, alors que son propre neveu aurait été accusé à tort, M. Barkani se serait borné à s’en confier, en juillet 1991, à ses employeurs, M. et Mme Catherine, et à l’avocat d’Omar Raddad, Me Girard, sans que ceux-ci n’en fasse jamais état ni devant les services de police ni devant le juge d’instruction ni devant la chambre d’accusation ni devant la cour d’assises ; en outre M. Barkani n’aurait jamais jugé utile d’en parler à la femme d’Omar Raddad ni même à celui-ci, au cours d’une éventuelle visite en prison ».

Cette conclusion juridique se passe de tout commentaire. Ces deux nouvelles pistes imaginées par la Défense ne reposaient que sur des éléments inconsistants et si inutilement odieux que la commission de révision des condamnations pénales les rejetait.

Georges Cenci

Administrateur : Georges Cenci

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