Chapitre III ; extrait n°6
Publié le jeudi 04 août 2011, 14:39 - modifié le 06/02/14 - Extraits de l'ouvrage - Lien permanent
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L'enquête judiciaire
(...)
Nous faisons ensemble le point afin que je puisse donner les premières directives.
Quels sont les éléments objectifs majeurs qui apparaissent à l’ouverture de l’enquête de crime flagrant ?
Le portail de la propriété fermé, la porte d’entrée non verrouillée, l’alarme non enclenchée, l’absence de toute trace de lutte, de fouille, de désordre, d’effraction, un intérieur "pollué" par les recherches successives, la porte de la cave fermée à double tour sans clef introduite dans la serrure, les obstacles à l’ouverture, l’inscription « OMAR M’A TUER ».
Tous ces éléments, auxquels d’autres vont s’ajouter au fur et à mesure du déroulement des investigations, devront trouver une réponse et sont la base des hypothèses de travail qui seront ultérieurement envisagées. Mais dans l’immédiat, il est essentiel que des opérations de police technique, des recherches méticuleuses et soignées, soient effectuées dans la cave.
C’est la "scène de crime" que je confie aux gendarmes Gervais et Vessiot qui effectueront une partie de leur travail en présence de M. Montfort. A son arrivée, le docteur Page rejoint les gendarmes dans la cave pour un premier examen de corps. Le légiste, avant l’autopsie, doit déterminer la cause de la mort et les circonstances qui l’ont entraînée
L’enquête d’environnement a débuté sans tarder. Le chef Evrard a pris la mesure de l’affaire et les dispositions qui s’imposent.
Bien évidemment, Mme Francine Pascal va être un des premiers témoins entendus. Elle précise au gendarme Guillaume qui procède à son audition :
Mme Marchal vit seule, sans gardien... Nous avons également en commun un jardinier répondant au nom d’Omar Raddad qui réside à Rocheville, mais j’ignore son adresse exacte. Il est venu travailler chez moi dimanche 23 juin… »
Le gendarme Guillaume me rend compte de sa mission. J’en informe le substitut du procureur de la République.
Les premières recherches de témoignages dans l’environnement de la propriété ne donnent aucun résultat, mais il est déjà fort tard. Il faudra les reprendre le lendemain et les jours suivants avec du personnel en renfort.
Ce lundi 24 juin, vers 16 h 30, M. Christian Veilleux, fils de Ghislaine Marchal, est appelé à son bureau à Asnières par Erica Serin qui lui fait part de son inquiétude. Francine Pascal, qu’il contacte aussitôt, lui confirme la situation. Sans tarder, il réserve deux places dans le premier avion en partance pour Nice. A 21 h 40, il arrive à la propriété accompagné de sa cousine Sabine, avocate à Paris. Il est grave, pressent à la vue des gendarmes qu’il est arrivé quelque chose à sa mère.
Il est toujours pénible d’annoncer à un tiers la mort d’une personne et j’ai été maintes fois confronté à cette situation. Délicat d’apprendre à une mère que son enfant de 13 ans vient de se suicider, à des parents qu’ils ne reverront plus leur fille, et tant d’autres encore. Ce rôle une fois encore m’incombait. Christian Veilleux fond en larmes. Il a, ce soir là et les jours suivants, gardé ce masque façonné par le chagrin et la douleur. Devais-je lui demander de reconnaître le corps de sa mère, égorgée, éventrée, lardée de multiples coups d’arme blanche, tout ensanglantée, les yeux figés par la mort ! Je me suis refusé à ce qu’il puisse voir le corps de sa mère dans cet état.
Il faut pourtant que l’enquête se poursuive. Christian Veilleux assiste à la perquisition que j’effectue, le soir même, dans la demeure de sa mère. Des documents sont saisis dans la chambre à coucher, notamment divers agendas où figurent des mentions manuscrites de Ghislaine Marchal. Tous sont intacts. Au cours de cet acte de procédure, je constate, tout comme les personnes et les gendarmes qui avant moi ont effectué les recherches, que tout est en ordre, que la vie semble s’être arrêtée au saut du lit de Ghislaine Marchal. Je retrouve même une bague de très grande valeur dans le tiroir du meuble secrétaire de la chambre. Je la remets à Christian Veilleux. Dans la chambre du rez-de-chaussée, sur la table de nuit, un boîtier alarme. Tout est convenablement rangé à l’exception du lit qui est défait et sur lequel se remarquent un nécessaire de maquillage, un miroir, des lunettes de vue et Le Figaro du 22, ouvert sur la page de mots croisés. Lesquels ne sont pas achevés. Sur l’abattant du meuble secrétaire, un sac en cuir blanc, ouvert, qui ne contient aucune valeur. Dans l’arrière cuisine, sur un plateau, les restes d’un petit déjeuner. Au salon, des tableaux, certainement de valeur, sont accrochés aux murs ; aucun ne semble manquer. Le coffre-fort, le récepteur de télévision, le magnétoscope, la chaîne stéréo, la vaisselle, l’argenterie, les bibelots, les chéquiers sont en place. « A première vue, rien ne semble manquer » me déclare Christian Veilleux.
(à suivre...)
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