Quand les mythologies s'effondrent
Publié le mercredi 14 septembre 2011, 09:42 - Web-O-Scope - Lien permanent
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Extraits du billet de Philippe Bilger sur Marianne2.fr, daté du 13 septembre 2011.
Pour notre blogueur associé Philippe Bilger, l'heure des vérités sonne tard peut-être, mais elle sonne inéluctablement.
Le magistrat s'en explique sur les affaires Pierre Goldman, Omar Raddad et Cesare Battisti, passe au crible ceux qui les ont défendu - médias ignorants ou manipulés, justiciers de pacotille... - et applaudit les journalistes et écrivains qui aujourd'hui rétablissent la vérité.
Il ne faut jamais désespérer : il y a toujours un moment où le voile se déchire, où la vérité sort de la nuit, plus belle d'avoir été longtemps niée, méprisée.(...) Omar Raddad, qui « n'est innocent qu'au cinéma », titre d'un précédent billet, continue de bénéficier - à cause de l'ignorance de beaucoup et des stéréotypes faisant de lui la victime idéale d'un système judiciaire décrié - d'un capital de sympathie et de commisération qui ne devrait pourtant pas résister à l'examen lucide des faits et des charges. Aujourd'hui, ceux qui se laissent encore manipuler par l'écume médiatique et les approximations littéraires n'ont plus aucune excuse puisqu'un livre - celui de Guy Hugnet - dont évidemment on a peu parlé, est venu répondre à toutes les interrogations, dissiper les suspicions et objectivement conclure qu'Omar Raddad n'était pas celui qu'il prétendait être. La vérité a forcé le passage vers la lumière.
(...) Pourquoi l'heure des vérités sonne-t-elle si tard ?
Parce qu'il faut que pendant longtemps des médias ignorants ou manipulés s'égarent, que des justiciers de pacotille ou de bonne foi mais fourvoyés s'agitent, que le mensonge ait droit de cité et que politiques et intellectuels s'acharnent à défendre la même cause durablement rentable. Parce qu'il faut supporter avec résignation, durant des années, le concert applaudi et favorisé médiatiquement des approximations, des inexactitudes et des partialités. Parce que les coupables qui permettent de fantasmer passionnent plus que les malheureux blessés ou tués par eux. Parce que peu ou prou l'extrême gauche ne peut pas être criminelle. Parce qu'il y a des avocats qui comptent plus que la justice. Parce qu'il convient que l'inadmissible et le choquant atteignent de telles proportions que l'abstention ou la lâcheté ne puissent plus être acceptables. Quand c'est devenu trop, la résistance, enfin, se lève. Et la vérité avec elle.
Il y a alors des journalistes, des écrivains courageux et lucides. Guillaume Perrault, qui n'a pas attendu pour s'attaquer au scandale Battisti, Michaël Prazan, Dominique Perrut, Guy Hugnet et Marcelle Padovani par exemple. Giuliano Turone en Italie. Il y a un moment où même les médias les plus paresseux ne pourront plus laisser dans l'ombre ce qui mérite d'être révélé. Il y aura des politiques et des intellectuels qui s'engageront aussi intensément au service de l'équité et de la justice que d'autres obstinément ont cherché à oublier ces exigences pour se donner le beau mais triste rôle d'indignés sans savoir.L'heure des vérités sonne tard peut-être mais elle sonne inéluctablement. Il n'y a plus à désespérer.
Source : Marianne2.fr
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