Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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Respect pour l’œuvre d’art « Omar m’a tuer » !

Billet du Blog de Beb'R, daté du 19 septembre 2011.

Mortellement agressée à l’arme blanche dans la cave de sa résidence de Mougins en ce dimanche 23 juin 1991 par son jardinier Omar Raddad, Ghislaine Marchal ; qui agonise de longues minutes avant de rendre l’âme ; fait preuve de lucidité et du plus grand des courages pour désigner son agresseur et écrire de son propre sang et à deux reprises sur les portes de sa cave, la désormais célèbre phrase : « Omar m’a tuer ».

La scène est dramatique, tragique ; mais tout aussi émouvante. J’en veux pour preuve le trouble des personnes présentes à l’audience de la cour d’assises de Nice en cet hiver 1994, lorsque les deux portes de la cave de La Chamade ont été publiquement présentées. La faute d’orthographe ne fera qu'amplifier l’émoi de l’assemblée, faisant entrer l’épitaphe dans la légende.
D’autres diront que la citation fait dorénavant partie du patrimoine culturel français.

Plus de vingt ans après les faits, il est affligeant de constater que la reproduction de cette citation est entrée dans les us et coutumes linguistiques lorsque son auteur souhaite signifier un désaccord. « Omar m’a tuer » est bafoué, vulgarisé et perd tout son sens. C’est une injure à la famille Marchal. On la retrouve à toutes les sauces.
En librairie, vous trouverez aisément des ouvrages dont le sujet n’a, bien sûr, rien à voir avec le meurtre de Madame Marchal. Le plus récent «Sarko m’a tuer» est à l’origine de cet article. Mais je peux vous en citer toute une pléiade : «Eric m’a tuer» , un livre au relent de règlement de compte politique impliquant l’ancien ministre Monsieur Woerth ; «Le mammouth m’a tuer», l'ouvrage d'un instituteur qui dénonce la politique de Monsieur Allègre alors ministre de l’Education Nationale ; «Facebook m’a tuer» et «L’OpenSpace m’a tuer» des mêmes auteurs (Alexandre Des Isnards et Thomas Zuber). Des habitués de l’altération du sens ! Je passe rapidement sur les caricatures des dessinateurs Villemin «Le travail m’a tuer» et d'un certain Jean Dobritz «L’entreprise m’a tuer», etc…
Et forcément, le Web ne s’est pas privé de dénaturer la célèbre inscription. Dans n’importe quel moteur de recherche vous pourrez trouver les sites Internet tels que : «Doctissimmo m’a tuer» ; «Facebook m’a tuer» (encore !) ; « Googlem’a tuer» ; «La SSI m’a tuer» ; «La gauche m’a tuer» (L'auteure de «Sarko m’a tuer» n’a donc rien inventé) ; «Carrefour m’a tuer» ; «Johnson m’a tuer»...
Il existe même des titres de chanson : «Sapritch m’a tuer» du groupe de rap «0800» ; «Stratège m’a tuer» du groupe éponyme... très inspiré.
Il n’y a que le capitaine Cenci qui ait respecté les écrits de Ghislaine Marchal avec le titre évocateur de son ouvrage « Omar l’a tuée ». Apportant plus qu'une correction à la faute de participe passé, ce livre pointe du doigt la désinformation médiatique et la manipulation de l’opinion publique sur cette affaire, pose un regard éclairé sur les faits réels et dévoile le contenu du dossier d’instruction et ses rapports d’enquêtes et autres expertises.

Si « Omar m’a tuer » est entré dans le patrimoine français, ne doit-on pas le considérer comme une œuvre d’art ? La porte de la chaufferie de la cave de Madame Marchal ne serait-elle pas plus qu’une vulgaire porte alvéolée ; se métamorphosant en tableau de Maître ? La cave de La Chamade se transformant, elle, en atelier d’artiste-peintre… Je me prends à refaire le scénario du meurtre de Madame Marchal après le départ d’Omar Raddad.

La chaufferie est silencieuse en ce mois de Juin. Les cris de détresse de Madame Marchal ont laissé place à quelques râles de douleur et aux larmes remplies d’une dignité que personne ne remarquera. Après avoir bloqué l’accès au sous-sol, lentement elle traine son corps qui ne lui appartient déjà presque plus, vers son premier support. La porte est là, sous ses yeux voilés par le sang qui lui coule du cuir chevelu éclaté. Mais son esprit reste clairvoyant.
Doit-elle sa lucidité à la libération de certaines substances physiologiques dans ses veines sous les coups de son assaillant et la peur engendrée ? Mais l’inspiration de l’artiste est là.
Tel un grand peintre à la blouse tachée qui humecte son pinceau dans la peinture à l’huile, Madame Marchal trempe ses doigts dans son propre sang qui s'écoule lentement de son crâne. Puis le bras s'abaisse vers la toile encore blanche immaculée. Malgré ses doigts mutilés, doucement, avec application, le pinceau glisse sur le tableau. C’est une épreuve pour l’artiste, mais son œuvre va éclairer le monde pour la postérité. Ghislaine Marchal y met toute sa grâce. Et toute sa vie.

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Le tableau de Maître est né : « Omar m’a tuer ». Signé du sang de la victime et de son écriture.
Et comme toute œuvre, sa propriété devrait être protégée par le Droit. Sa reproduction et toute utilisation déviante se verraient ainsi frappées d'interdiction sans l’autorisation de son auteur ou ses ayants droit.
A mon grand désarroi, ce n’est pas le cas. Nulle propriété - même intellectuelle - n’a été revendiquée et déposée, ouvrant grande la porte du gâchis, de la dégradation et même du déshonneur.
Ce même déshonneur dont a été victime Madame Marchal, mais également son fils, Christian Veilleux, depuis la manipulation de l’opinion publique sur cette affaire. J’imagine qu’à chaque reprise de l’épitaphe par un tiers, et à leur lecture, celui-ci doit se remémorer les pires heures de son existence, éprouvant à nouveau l’humiliation vécue à l’apogée de la médiatisation du procès et la calomnie dont il a été la cible.

Qu’il soit aujourd’hui rassuré. Nombreux sont ceux qui ont pris conscience de la désinformation sur ce sujet et qui connaissent la vérité. Celle du dossier d’instruction et des différentes décisions de justice qui en découlent.
Ces mêmes personnes ne doivent-elles pas estimer que si Madame Marchal n’avait pas souhaité être incinérée, alors sa dépouille aurait pu reposer au cimetière du Père Lachaise à Paris ? Comme tout grand artiste le mérite. Les portes de la chaufferie, elles ; ne devraient-elles pas être exposées au musée du Louvre.

Ce week-end, étaient organisées les ''Journées du Patrimoine" en France. Alors sachez-le ! Respecter l’inscription de sang de Ghislaine Marchal, c’est honorer sa mémoire et rendre un peu de sérénité à son fils.

(Source)

Dès la réception de votre excellent billet, j'ai transmis à quelques proches votre texte, qui a été fort apprécié et qui tend à restituer au mot "respect " son véritable sens ; celui dû à la souffrance et au courage exceptionnel d'une victime (et non celui exigé avec arrogance par certains voyous pour prix de leurs menaces et de leurs violences)...
La banalisation et l'emploi abusif du "...m'a tuer" paraissent à la mesure du manque de réflexion ou de l'inconscience de leurs auteurs (ou auteures, selon le langage de ce siècle) ; la dernière en date ne manifestant apparemment de "respect" ni pour les institutions de ce pays, ni pour la régularité et le secret de l'instruction, ni même pour la plus élémentaire réserve qui devait s'imposer dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de sa fonction.
Ainsi vont les mœurs et leurs inquiétantes évolutions dans des domaines où l'on devrait pourtant garder et montrer le sens de la mesure !

Georges Cenci

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