Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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Tous des racistes !

Je veux parler bien évidemment des magistrats qui ont eu à connaître du meurtre de Ghislaine Marchal. Mais ce vocable ne s'applique pas aux seuls magistrats. Ceux qui émettent un avis de conviction de culpabilité de Raddad sont aux yeux de certains et à n'en pas douter, des racistes, des fachos bornés et j'en passe.

Essayez de poster un commentaire sur ces sites qui puent la haine et vous constaterez, comme je l'ai fait, que leur régulateur se garde bien de les mettre en ligne ! Par contre prolifèrent les commentaires méprisants et injurieux sur la justice de notre pays, écrits dans un français douteux et approximatif par de lâches anonymes.

C'est la censure, comme le racisme : à sens unique !

Avec mon webmaster, nous avons seulement pour ambition d'animer un blog où toutes les personnes qui se posent des questions sur cette affaire judiciaire y puisent les éléments qui leur manquent pour asseoir leur intime conviction de l'innocence ou la culpabilité de celui qui a été condamné pour le meurtre de Mme Marchal.
Pour celles et ceux qui s'interrogent sur un point particulier ou qui émettent un avis, je réponds bien volontiers à leurs questions par le biais des commentaires de ce site Internet et mes réponses se réfèrent le plus souvent au dossier et à son corollaire le livre dont je suis le rédacteur. Quelquefois celle de l'auteur s'éloigne du fond pour énoncer une critique ou une opinion qui n'est pas nécessairement la mienne.
C'est ainsi qu'un internaute a fait état de sa conviction que, je cite : « l'affaire Raddad montre bien que certains juges français miment les us et coutumes de certains pays africains, par cela ces juges nous montrent bien leurs incivilités raciste et bestiale se croyant dans une république bananière ; la justice française mérite mieux que ça ! »

Libre à cette personne d'avoir une telle opinion. Libre à moi de ne pas la partager. C'est ainsi que j'ai répondu à cette personne :

« Vous avez posté votre commentaire suite à la lecture de mon billet : La justice est un métier, la servir un honneur. Qu'il me soit permis de réagir non par le mépris – dans ce cas je ne vous aurais pas consacré du temps à vous répondre – mais par la dérision. Je pense que ce choix est plus adapté à la stupidité et à la désobligeance de votre commentaire.

Pourtant, je suis tout a fait d'accord avec vous, les juges qui ont eu à connaître et décider de l'innocence ou la culpabilité de Raddad sont racistes. Et je passe sur leur bestialité ! D'ailleurs, je suis moi-même raciste puisque j'ai permis à ces juges racistes de le condamner !
Et si vous le permettez, je n'emploierai pas comme vous l'adjectif « certains » pour les énumérer et j'espère ne pas en oublier, ils sont tellement nombreux dans cette République bananière ! :
- Racistes les trois juges d'instruction du tribunal de grande instance de Grasse qui ont conduit l'information judiciaire ;
- Racistes les magistrats de la cour d'appel d'Aix-en-Provence qui ont renvoyé Omar Raddad devant la cour d'assises des Alpes-Maritimes ;
- Racistes le président de la cour d'assises de Nice et ses trois assesseurs ;
- Racistes les membres du jury de ladite Cour ;
- Raciste l'avocat général qui a requis la condamnation de Raddad ;
- Raciste les avocats successifs des parties civiles ;
- Racistes les magistrats de la cour de cassation qui ont rejeté les pourvois en cassation ;
- Raciste l'avocat général près la Cour de révision des condamnations pénales qui a requis le rejet de la demande en révision ;
- Racistes les magistrats de la Cour de révision des condamnations pénales qui ont suivi les réquisitions de l'avocat général en rejetant la demande ;
- Racistes les magistrats de la Cour Européenne des Droits de l'Homme qui ont rejeté à deux reprises et à l'unanimité de leurs membres les requêtes de Raddad et de sa défense.
Vous noterez cher Bébel (pardon mais j'adore Belmondo) que ces deux décisions ont émané, non d'une " République bananière " selon votre expression mais de cette Cour composée non de magistrats français, mais de juges provenant des diverses nationalités représentées dans cette haute juridiction. Tous racistes. N'en jetez plus la cour est pleine !

Par contre vous avez oublié d'évoquer non pas ceux qui jugent au nom du peuple français mais ceux qui défendent des intérêts privés. Assurément les avocats successifs de Raddad ne sont pas racistes. Vous lirez dans mon billet : bilan judiciaire en marge de l'affaire que le nombre de ces auxiliaires de justice tutoie la vingtaine !

Et le plus illustre d'entre-eux, ex-défenseur du nazi Barbie, qui avait pendant le procès de celui-ci osé qualifier les victimes de l'expression raciste " les quarante petits blancs des parties civiles " (sic) est le même et le premier qui, sans doute à court d'éloquence et dépité par l'échec de sa " piteuse prestation " devant la Cour d'assises de Nice – un échec de plus pour ce collectionneur –, avait eu le culot, devant la presse, d'user de l'argument " tarte à la crème " du racisme pour essayer de dénigrer la juridiction populaire et sa décision survenue après huit jours de débats publics et sans incident.

J'oubliais, vous n'étiez probablement pas présent !

Pour conclure, je voudrais vous dire que je suis tellement passionné par le monde de la justice que j’œuvre encore aujourd'hui et depuis bientôt dix ans – alors que je pourrais profiter de ma pension de retraite –, à ce service public en ma qualité de délégué du procureur de la République.
Je suis particulièrement à l'aise parmi tous ces inciviques racistes, que je trouve pour la plupart remarquables d'intégrité, d'impartialité, de probité, d'humanisme et de loyauté envers le justiciable. Depuis que je les côtoie j'ai pu constater leur dignité, leur sens de l'écoute et du respect de l'autre. »

Je rajouterai, pour m'en tenir à l'affaire dont il s'agit, que le président de la cour d'assises de Nice, Monsieur Armand Djian, se plaçant à mon avis uniquement sur le terrain de l'institution judiciaire et de son exigence absolue d'impartialité à l'égard des justiciables de toutes origines ; le social et la politique n'entrant pas dans ses attributions ni compétences, avait fait une mise au point publique suite à l'allusion perverse et déplacée à un prétendu racisme, imaginée par l'avocat des salles de pas perdus et des plateaux de télévision, Jacques Vergés.

Mon ouvrage la reprend ainsi, page 294 :

« Le président de la cour d’assises, tenu comme tout magistrat à son devoir de réserve et comme tout citoyen au respect du secret des délibérations de cette juridiction, n’a pashttp://omarlatuee.free.fr/admin/media.php?post_id=147 à se mêler à des débats extérieurs et polémiques relatifs aux décisions qu’elle prend. Je rappelle, pour ceux, auxiliaires de justice ou non, qui auraient tendance à les méconnaître, les dispositions d’ailleurs affichées à la porte de cette salle, de l’article 226 du Code pénal et ainsi conçues (citation de l’article) – J’ajoute que des propos aussi graves que déplacés et inconsidérés ont été proférés récemment sur le seuil de ce palais de justice et ont été diffusés au-delà – et qui ont eu pour objet d’offenser gravement et de tenter de déconsidérer les magistrats et les jurés populaires qui concourent ici, en toute conscience, objectivité et indépendance et dans le plus profond respect des droits de l’homme à l’œuvre difficile mais nécessaire de justice - à laquelle ont droit les accusés et les victimes d’infractions. Je rappelle si besoin est, que le racisme est banni de cette cour d’assises tout autant que l’utilisation perverse de ce terme dont se servent parfois ceux qui oublient ou feignent d’oublier que les justiciables quelles que soient leurs origines, cultures, appartenances sociales, ethniques ou raciales, sont et demeurent strictement égaux devant la loi et la justice, sans faire l’objet ni de préjugés ni de privilèges. J’assume dans cette salle la direction des débats et la police de l’audience qui relèvent de mes responsabilités. Je laisse le soin, au-delà de cette salle, à ceux, à quelque titre que ce soit, qui ont la charge de faire respecter l’ordre public et la tranquillité des citoyens, de tirer comme ils l’apprécieront les conséquences et de prendre les mesures qu’impliquent la violation de l’article 226 du Code pénal et des règles destinées à assurer l’indépendance et le respect des jurés populaires et des magistrats qui concourent et continueront à concourir en toute dignité, indépendance, conscience et sans complexe, au fonctionnement de cette juridiction. »%%

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Georges Cenci

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annaparis annaparis ·  11 janvier 2016, 13:38

Bonjour,

Que pensez-vous des deux remarques du président :

  • le proverbe marocain sur l'analphabétisme ("il doit se cacher la tête dans un trou") ; personnellement, je le trouve déplacé car extrêmement négatif pour la personne visée et finalement inutile ; c'est comme de dire à quelqu'un : "vous ne savez pas lire et pourtant l'école est obligatoire" par exemple
  • et celle (que vous ne relayez pas dans votre livre, sans la nier expressément) sur la mouche et le mouton ? a t elle existé ?
Georges Cenci Georges Cenci ·  19 janvier 2016, 05:22

@annaparis : Je n'ai pas la prétention de pénétrer les pensées du président Djian, ce haut magistrat qui, je le précise, aura présidé plus de 400 procès d'assises ; sans qu'on lui oppose un quelconque relent de racisme car c'est de cela qu'il s'agit n'est-ce pas !
Je ne vais donc pas m'immiscer dans les polémiques stériles et stupides qui ont pollué cette affaire depuis 1991 mais je me dois de répondre à votre commentaire.
Je pense qu'il n'avait pas échappé au président que l'accusé, qui parlait et comprenait notre langue, avait choisi de s'exprimer par le truchement d'un interprète. Mauvais choix lorsque l'on constatait à l'audience que Raddad s'entretenait directement avec ses avocats. Je veux bien admettre que Vergès connaissait la langue maternelle de son client mais Me Pétillault ?
Puisque vous n'avez vraisemblablement pas assisté au procès sachez que le père de Raddad – pour faire bonne figure – qui lui aussi parlait bien le français avait choisi de s'exprimer en arabe.
Ces postures avaient vraisemblablement exaspéré le président, la cour et le jury. Quelques journalistes scrupuleux avaient d'ailleurs noté que c'était là un piètre système de défense.
Je n'ai pas à juger les paroles du président. Je suppose qu'il a voulu faire comprendre à l'accusé et ses avocats qu'il n'était pas dupe. D'ailleurs, Omar Raddad lorsque le président lui donnait la parole à la fin de l'audience s'était bien exprimé en français, je le cite : « Ce n’est pas moi qui l’ai tuée, je suis innocent, j’attends que Dieu fasse apparaître la vérité. »
Ceci étant rappelé, les remarques du président Djian s'inscrivaient dans le débat et ne m'offusquent absolument pas. Il n'y avait là aucun relent de racisme mais la démonstration, procès-verbaux à l'appui, des mensonges de l'accusé quant à son prétendu illettrisme et l'invocation de sa gentillesse.
J'ai d'ailleurs parlé dans mon ouvrage de la pratique évoquée de l'égorgement du mouton. Lors de son audition, Latifa Cherachni l'épouse de Raddad avait répété qu'il ne ferait pas de mal à une mouche. Elle confirmait oralement aux débats ce qu'elle avait déclaré à mes enquêteurs. Le président lui rappelait que c'était en contradiction avec la découverte à son propre domicile d’une photographie de cette pratique par son mari. Dans le même ordre d’idée, figurait dans le dossier le procès-verbal d’audition, sur commission rogatoire, de la mère de l’intéressé, en date du 10 janvier 1993 qui affirmait : « mon fils…n’a jamais tué et n’osera pas tué(r) même une poule… »
Dupe, naïf, crédule le président !
Sur l’absence alléguée de pratique de la langue française et le prétendu total illettrisme de l'accusé, – dont Raddad voulait tirer parti pour remettre en question certaines de ses déclarations de l’enquête de crime flagrant effectuée sans le recours à un interprète – , puis pour tenter, vainement, de tirer argument au soutien de certains de ses recours après le verdict de la cour d’assises, je rappelle que près de deux ans avant le procès de 1994, le magazine Paris-Match du 24 décembre 1991 avait publié, sous la plume de M. Arnaud de Sercey un passage de l’interview de l’épouse de Omar Raddad que je reproduis ci-après textuellement :
« …Omar savait écrire son nom – témoigne Latifa, son épouse –. Il avait déjà suivi des cours d’alphabétisation à Mougins, avant que je le connaisse et je lui apprenais des rudiments d’orthographe…Comment aurait-il pu laisser ce message l’accuser ?... ».
Elle omettait seulement alors de tenir compte de la chronologie des inscriptions accusatrices et du blocage de la porte de la cave après le départ du meurtrier. Mais cette déclaration au journaliste, en fin 1991, n’en demeurait pas moins intéressante au sujet de son prétendu total illettrisme car né et ayant vécu au Maroc, pays dans lequel ce proverbe serait bien connu des résidents lui avait été rappelé en français par le président puis traduit par l’interprète. Apparemment Omar Raddad ne le connaissait pas. Et ce proverbe a pour objet d’inciter les gens à savoir lire et écrire.
Ces paroles, que Vergès et ses affidés de la presse ont outrageusement exploitées, ont fait l'objet d'un rappel lors du procès qui a suivi celui de Raddad (cf. pages 293 et 294 Omar l'a tuée).
Cordialement.

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