Omar l'a tuée

Vérité et manipulations d'opinions. Enfin une information contradictoire sur l'"Affaire Omar Raddad".
«En 1894 on condamnait un jeune officier parce qu’il avait le seul tort d'être juif ; en 1994 on condamnait un jeune jardinier qui avait lâchement tué une femme âgée sans défense. En 1906 Alfred DREYFUS fut réhabilité alors que Omar RADDAD est un condamné définitif. Un était innocent, l'autre est coupable ». - Georges Cenci

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Quelles ont été les conditions de la garde à vue d'Omar Raddad ? Pourquoi n'a-t-il pas été assisté d'un interprète ? A-t-il pu s'exprimer clairement ?

Six officiers de police judiciaire de la brigade de Mougins et de la brigade de recherches de Cannes se sont succédé pour procéder, sans interprète pour des raisons évidentes, à l’audition de Raddad. Ces six enquêteurs dactylographiaient douze pages d’audition ; les mesures de garde à vue faisant l’objet d’un procès-verbal séparé.

Madame Sylvaine Arfinengo, juge d’instruction au tribunal de grande instance de Grasse, n'avait pas eu besoin de se faire assister lors de l’interrogatoire de première comparution, tout comme les premiers experts désignés.
Le 2 juillet 1991 Raddad Omar écrivait à la juge d'instruction et demandait à être assisté d'un interprète lorsque on l'interrogeait. Il écrivait ceci :

J’ai demandé à la police un interprète car je ne parle pas et n’écris pas le français. Je vous demande si possible quand vous m’interrogez, je voudrais bien que l'interprète soit présent. Vous pouvez demander à Mme Pascal, vraiment je ne parle pas le français, j’ai peur de signer des choses que je n’ai pas compris, je vous remercie d’avance. Signé Raddad. »

Phrase reproduite dans Omar l'a tuée.
Raison pour laquelle le docteur Roure, expert psychiatre, se faisait assister d'un interprète lors du deuxième entretien avec l'inculpé.

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En développant les arguties de la défense dans mon ouvrage, j'écrivais que du mois d’août 1991 au 14 avril 1993, date à laquelle la chambre d’accusation rendait son arrêt de renvoi devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes, la défense de Raddad multipliait les demandes de nullité de certaines pièces de procédure et de mise en liberté de son client. La chambre d’accusation les rejetait toutes, les considérant non fondées.
Par quels moyens la défense motivait-elle ses mémoires ? Sur quels éléments fondamentaux s'appuyait-elle ? Pourquoi ces demandes étaient-elles rejetées ?

Les défenseurs déposaient rapidement une demande d’annulation de l’audition de leur client et de tous les actes subséquents au motif que celui-ci avait été entendu sans l’assistance d’un interprète. Et je m'interrogeais par quel tour de magie les gendarmes et le juge d’instruction avaient-ils pu procéder à la transcription des paroles de Raddad ? Comment avions-nous fait pour dactylographier douze pages d’audition sans comprendre Raddad, et sans que celui-ci nous comprenne ?

Est-il imaginable que dans une affaire criminelle, l’officier de police judiciaire prenne le risque, insensé, de se dispenser des services d’un interprète si un doute subsiste sur la capacité de compréhension et d’expression de la personne qu’il a en garde à vue ? Nous requérons des interprètes pour des affaires mineures, et dans ce dossier criminel nous aurions négligé de le faire ? Sur cette nullité invoquée, la chambre d’accusation tenant compte des éléments versés au dossier rejetait la demande de la défense aux motifs que :

« Lors de son audition par les gendarmes de la brigade de recherches de Cannes, Omar Raddad s’est longuement expliqué sur sa situation familiale ou professionnelle, sur son emploi du temps, ses occupations, en niant être l’auteur du crime. A l’issue de son audition de douze pages, il lui a été donné lecture de ses déclarations, après qu’il eût précisé qu’il ne savait pas lire ni écrire, et il a signé les différentes pages du procès-verbal. Étant en France depuis le mois d’août 1985, Omar Raddad n’a nullement fait état de difficultés de compréhension de la langue française et n’a pas réclamé d’interprète. Il en a été de même devant le magistrat instructeur où il a signé le procès-verbal, sans réclamer d’interprète et en déclarant qu’il réfléchirait pour le choix d’un avocat. Lors du débat contradictoire, il a renoncé à tout délai pour préparer sa défense ainsi qu’à l’assistance d’un conseil. Des éléments qui précèdent, et notamment des déclarations circonstanciées, précises et détaillées d’Omar Raddad lors de l’enquête en flagrant délit et devant le juge d’instruction, il en résulte que l’intéressé s’est exprimé clairement, a répondu aux questions qui lui étaient posées par les enquêteurs sans réclamer un quelconque interprète. Son épouse a confirmé qu’il comprenait très bien ce qu’on lui dit en français, « qu’il a des fois du mal à répondre, mais qu’il se débrouille bien et qu’à la maison ils parlaient autant en français qu’en arabe » (D167). Son désir, exprimé ultérieurement, d’avoir un interprète n’implique pas une ignorance totale de la langue française et rien ne permet de dire qu’il n’a pu comprendre l’étendue de ses droits tels qu’ils ont été exposés par le juge d’instruction.
En l’absence de violation des droits de la défense, il n’y a donc pas lieu d’annuler les actes de procédure visés par la défense dans leurs mémoires.

Tous les recours de la défense étaient rejetés mais celle-ci et la presse s’en gargarisent encore ! (Voir "Principales décisions de justice" et Relisez l'arrêt de rejet des pourvois en cassation du 9 mars 1995 ).

Sur les conditions de la garde à vue, je rassure le bon peuple de France, si Monsieur Raddad n'a pas dormi, nous non plus. D'ailleurs a-t-il avoué ? Je précise toutefois que lors de son procès il a déclaré qu'il avait été bien traité par les gendarmes. Dont acte !

Georges Cenci

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annaparis annaparis ·  31 décembre 2015, 10:21

encore une réflexion : si je ne suis pas dans mon pays de langue maternelle et qu'on m'interroge sur un crime de sang dont on m'accuse, je souhaiterais également un interprète ; un mot à la place d'un autre, une nuance mal comprise, et les conséquences sont immenses ! par ailleurs, et pour avoir témoigné personnellement dans une affaire sans gravité, la retranscription d'un interrogatoire peut dérouter un locuteur de langue française (cf page 53 de votre livre), alors un immigré, imaginez ! Je ne suis pas bilingue anglais, je me sers pourtant quotidiennement de l'anglais dans mon travail, mais dans ce même cas, je me ferais assister.

Cela n'apporte pas preuve ou infirmation de sa culpabilité, certes, mais je tiens malgré tout à apporter une critique (argumentée) à vos affirmations. Certes, il parle français, mais pas suffisamment pour être à l'aise dans cette situation.

Georges Cenci Georges Cenci ·  04 janvier 2016, 05:23

@annaparis : Bonjour. Vous avez pu lire sur mon site (cf ici : http://omarlatuee.free.fr/index.php...) que six officiers de police judiciaire, dont moi-même, ont procédé à l’audition de Raddad. Aucun de ceux-ci n’a exprimé le besoin de se faire assister d’un interprète. Moi également. Le juge d’instruction également, les premiers experts également…
Vous avez aussi pu lire que le procès-verbal d’audition comprenait 12 pages et qu’à aucun moment Omar Raddad n’a varié dans ses dépositions. Quel que soit l’officier de police judiciaire, les réponses aux questions étaient identiques.
Vous avez aussi observé que lors de ses périodes de repos, Omar Raddad s’entretenait librement avec les enquêteurs mais sans prendre la moindre précaution de réflexion avant de répondre alors que, lorsqu’il était entendu sur procès-verbal, il réfléchissait longuement à ses réponses. Vous l'avez lu page 45 de Omar L'a tuée.
« Omar Raddad est longuement entendu. Douze pages d’audition en témoignent. Plusieurs enquêteurs se relaient entre chaque plage de repos.
Après des heures d’observation, je le définis ainsi dans mon rapport de synthèse : « De son interpellation à son inculpation, Omar Raddad nous apparaît comme un homme calme, réfléchi, atypique, déconcertant par son impassibilité, psychologiquement solide. Sa seule réaction physique a été provoquée par la vision de photographies de l’égorgement de Ghislaine Marchal où il a tourné la tête. Il nous apparaît, lors de sa garde à vue, comme un homme habile, se donnant le temps de la réflexion aux questions embarrassantes. »
Subtil comportement de cet homme qui, pendant ses temps de repos, entretient le dialogue avec les gendarmes qui l’entendent, mais les oblige, dès qu’ils reprennent l’audition, à répéter leurs questions. Il ne se contredira jamais pendant tout le temps de sa garde à vue et niera être l’auteur du meurtre de Ghislaine Marchal. »
Comme je l’ai exprimé, il convient de rester sérieux. Je comprends que vous vous interrogiez sur ce « détail ». Sachez que nous procédons à des réquisitions à un interprète lorsque cela est nécessaire et pas seulement en matière criminelle et, dans ce dossier nous aurions négligé de le faire ? Aujourd’hui encore, dans mes fonctions de délégué du procureur de la République, je requiers un interprète en renvoyant bien souvent l’audience car je m'aperçois que la connaissance de la langue française par le mis en cause n’est pas suffisante pour mettre à exécution la procédure dont je suis chargé.
Vous constaterez aussi que la défense de Raddad s’est désistée de son pourvoi en cassation concernant l’audition de son client sans interprète (page 175 ibidem).
Bien à Vous.

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