Le 11 septembre du fait divers
Publié le mercredi 30 novembre 2011, 05:20 - Vos réactions - Lien permanent
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Il est tout de même incroyable qu'avec un tel livre, vous n'ayez pas été sollicité par de nombreux médias et invité sur divers plateaux de télévision. Cela dit, je ne suis pas du tout étonné. Mon expérience dans ce métier auprès de personnalités très connues durant 15 années m'a montré à quel point l'ensemble des animateurs et journalistes était constitué de suiveurs essentiellement préoccupés par la sauvegarde de leur travail ô combien lucratif.
Dans ce milieu, les places sont tellement chères et rares, qu'une fois en place, chacun agit dans l'unique objectif de conserver son job. Le moindre comportement qui pourrait laisser à penser que l'on n'adhère pas à l'idéologie en vigueur fait l'objet de telles punitions que personne ne bronche. Dans certains milieux journalistiques, le moindre gratte-papier qui aurait mis en avant la culpabilité d'Omar Raddad aurait été regardé de travers, soupçonné de racisme, vu ses chances de rester en place fragilisées et aurait eu toutes les chances d'être viré sur un prétexte quelconque.
Ce comportement est démultiplié par les temps de crise que nous traversons. La peur est la motivation principale de la majorité de ces gens-là. En catimini, il en va parfois tout autrement et j'ai pu m'apercevoir que les plus ardents défenseurs de la veuve et l'orphelin avaient parfois une vision personnelle bien différente de celle affichée devant micros et caméras. Un animateur très célèbre que j'ai côtoyé et qui affiche un côté cool, branché est en réalité très à droite et j'ai l'intime conviction qu'il vote depuis des années pour le Front National. Assez malin pour avoir compris que s'il faisait état de ses convictions personnelles il giclait dans la minute qui suit.
Le 11 septembre du fait divers
A la problématique individuelle viennent s’ajouter les enjeux financiers. Comme vous le faites remarquez dans votre livre, le soupçon d’une erreur judiciaire est bien plus vendeur qu’un crime résolu. Le public est friand de mélodrames et de noirs complots. L’affaire Omar Raddad est le 11 septembre du fait divers. Devant des faits pourtant clairement établis, une partie de l’opinion (dopée par les médias) préfère imaginer qu’il en est autrement. La croyance en des forces occultes et malveillantes qui truquent la réalité est un ressort qui marche à tous les coups. Les médias avaient donc tout intérêt à exploiter le filon en insinuant que l’enquête avait été mal ficelée et que l’inculpé était la victime d’une injustice scandaleuse. Sous entendu, le vrai assassin est sans doute un membre de la riche famille Marchal. Dans ce scénario, le vrai coupable avait enfin le bon profil : un riche bourgeois forcément exploiteur et machiavélique. L’affaire était entendue et conforme à la morale des contes de fée. Face à ce rouleau compresseur romanesque, il est évident que les éléments objectifs du dossier ne faisaient pas le poids. Celui qui rêve préfère rester endormi.
Auteur Anonyme
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